dimanche 10 septembre 2006

La fièvre du samedi soir

- Hadrien... T'as vu la nana là-bas qui me regarde ?
- La rousse ?
- Ouais, répondit-il avec un sourire sournois et satisfait.
- J'crois que tu ferais bien d'aller la voir. Y'a moyen que tu passes une bonne soirée.
- Sarah, elle est où ?
- Là-bas avec son "musicien".
- Ok. Bon, surveille la, j'l'aime pas trop c'connard.
- Ah ! ah ! ah ! Alex, t'arrêtes tes conneries deux minutes ? Sarah elle est grande ! J'serai toi, je me ferai plutôt du souci pour son gars !
- Mouais... Enfin bon, j'vais aller voir si cette petite minette veut venir rigoler avec moi.
- A dans deux heures alors ?
- Deux heures ? Tu rigoles ? J'ai lu un truc dans un des bouquins que j'ai emprunté à la nana que j'ai "vu" la semaine dernière
- Un bouquin sur quoi ?
- Tu sais, sur le cul, tout ça !
- Mais tu vas faire l'homme normal ?
- On verra. Déjà j'vais voir si elle s'intéresse à moi et si c'est le cas, on verra.
- ...
- Plus je la regarde et plus j'ai envie de la bouffer.
- Tu me raconteras ?
- Si j'fais rien d'exceptionnel, j'aurai rien à raconter.
- Ouais, et sinon, tu m'appelles ?
- Ah ! ah ! ah ! Ouais ! Allez, à tout à l'heure !

Alexandre s'approche de cette fameuse rousse sous le regard amusé de son frère. Sarah remarque qu'il s'éloigne d'Hadrien. Elle prie son ami de la suivre jusqu'à Hadrien.

- Il va où Alex ?
- Il va draguer, continue de rire Hadrien.
- Tiens au fait, je te présente Sébastien. Il est musicien.
- Salut.
- Salut.
- Tu connais ma soeur depuis longtemps ?
- A peu près six mois.
- C'est marrant qu'elle nous ait parlé de toi qu'y'a que deux semaines, hein ? en regardant sa soeur,
- Ouais ouais plein ouais. Dis ! Au lieu de dire des conneries, tu vas nous chercher à boire ?
- Ok, j'ai compris. Tu me gicles pour que je t'intimide pas ? Ah ah ah !
- Ouais, c'est ça... t'es si perspicace !

Sur ce, Hadrien s'éloigne en rigolant. Il se doute que faire passer sa soeur pour une nana lambda aux yeux de l'imprudent, c'est ce qu'elle attendait. Une saleté de manipulatrice qu'elle est ! Il se dirige vers le bar... Il se sert un verre et part accoster la jolie blonde qui tente d'attirer son attention depuis qu'il est arrivé. Comme s'il ne l'avait pas remarquée...

"Toi, ma p'tite, tu vas pas finir la soirée."

"Toi, beau brun, j'vais te faire hurler toute la nuit."

- Salut. Hadrien.
- Enchantée. Moi c'est Ezra.
- Tiens, c'est charmant !
- Ce n'est pas très courant je sais, sourit-elle.
- En effet. Dis moi, qu'est-ce que je dois attendre d'une jolie fille comme toi qui me dévore du regard depuis plus d'une heure ?
- Euh... rougit-elle,
- Si tu crois que je ne t'ai pas remarqué ? J'ai peut-être l'air con mais j'suis pas naïf.
- J'vois ça !
- Alors ?
- Disons que j'esperai savoir qui se cachait sous ces fringues si classes, tu vois ? Savoir comment tu t'appelles, d'où tu es, ce que tu aimes dans la vie ? Ce que...
- Ca t'interesse vraiment ou c'est juste pour meubler et m'attirer je ne sais où ?
- Tu crois que je suis une fille facile ?
- Si tu m'dis ça tout en souriant, j'sais pas trop quoi penser.
- Ah ! Ah ! Ah !
- En plus elle a un rire merveilleux... Tu m'intrigues Ezra !
- On se casse ?
- Comme tu veux... Moi je te suis. Tu as une idée de là où tu veux m'emmener ?
- Tu verras ! J'vais te montrer que les blondes à l'allure de Marie-couche-toi-là peuvent surprendre !
- J'ai jamais pensé ça d'toi chérie. mais avant, j'vais voir ma soeur pour lui filer les clefs de la caisse.
- Ca marche.

Tout en retenant son sourire conquis, il se dirigeait vers Sarah, toujours en train d'embobiner son cavalier.

- Sarah ? J'me casse. J'me suis fait draguer par la blonde là-bas.
- Ok. Et tu rentres comment ?
- Avec sa caisse quand j'en ai fini avec elle.
- Tu veux dire qu'elle va te raccompagner, demande Sébastien.
- Euh, ouais. Tiens, j'suis venue te filer les clefs. Tu rentres pas trop tard ?
- Comme vous deux.
- Bon, alors à demain pour le petit déj' !
- Bonne chasse.

Elle regardait Hadrien s'éloigner après un clin d'oeil qui signifiait beaucoup plus qu'une simple soirée conventionnelle avec Ezra, la désormais oubliée.

- Dis moi Seb, on fait quoi là ?
- Bah on discute pourquoi ?
- Ecoute, je sais pas toi mais ça fait pas mal de temps qu'on se connaît et je voudrais savoir combien de temps encore tu vas me faire le numéro du mec pas intéressé.
- Quoi ?
- Si tu arrêtes de me prendre pour une pauvre petite fille et que tu m'emmenais chez toi pour qu'on passe aux choses sérieuses ?

Surpris mais concentré à ne pas se laisser submerger par sa trique soudaine, il saisit Sarah par le bras, l'emmenant jusqu'au parking.

- Prends ta caisse, je prends la mienne, je te suis. On va chez toi ?
- Ouais.
- Ok, alors je te suis, play-boy.

Sarah entrait dans sa voiture, mettait le contact, allumait son autoradio qu'elle mit à fond. Elle réfléchissait au meilleur moyen pour passer une bonne soirée avec son nouveau jouet. Allait-elle l'attacher ? Au lit ou sur une chaise ? Allait-elle le ballonner ou le laisser hurler ? Comment pouvait être son appartement ? Avait-il une salle de bain avec une baignoire ? La salle de bain serait-elle suffisamment grande ? Arriverait-elle à exploiter tout le potentiel de l'endroit ? Elle faisait confiance en son instinct. Elle cherchait juste le moyen de jouir pleinement de ce jeune homme. Elle n'avait jamais abusé d'un musicien. Il avait probablement une guitare chez lui. Elle sourit.

Sébastien, dans sa voiture, se remerciait d'avoir pensé à acheter des préservatifs dans l'après-midi. Il se demandait si elle allait prendre tout en main, petite cochonne qu'elle avait l'air. Il se mit à chanter dans sa voiture pour se calmer, penser à autre chose. Il se demandait s'il avait du lait, du café ou du thé pour le petit déjeuner car oui, il espérait bien qu'elle resterait jusqu'au petit matin. Sur la route, il aperçut Alexandre sur le trottoir, avec sa conquête. Il se remit à penser à son amie qui le suivait.

Alexandre, saoul mais toujours lucide de ses actes s'apprêtait à emmener la jolie rousse jusqu'à une ferme qui appartenait encore plus ou moins à la famille de sa mère. Cette ferme ne se trouvait pas très loin de la ville et pour y aller, il connaissait un raccourci à travers les lotissements. Bientôt, le lit allait resservir. Les crochets de la grange allaient retrouver la couleur du temps où ils étaient utilisés. Les bassins allaient redécouvrir le toucher d'un liquide qu'Alexandre trouvait sensuel. Il allait retoucher à ce qu'il qualifiait de "dessert des dieux". Le chemin n'était pas éclairé, personne ne pouvait voir qui l'empruntait. Très peu de monde connaissait d'ailleurs ce chemin. Probablement que ces personnes étaient décédées ou séniles à l'heure où Alexandre et Myna foulaient la terre menant vers le début de leur véritable soirée.

Pendant ce temps, l'aîné se trouvait dans la voiture d'Ezra. Il pensait à ce qu'il avait à faire cette semaine. Hadrien n'est pas du genre à jouir d'avance d'une situation future. Il préfère anticiper les désastres, les fuites, les camouflages plutôt que les véritables instants de bonheur. Il n'aimait pas être déçu. Ce soir qui plus est, il ne voulait rien planifier. Il voulait voir quel effet ça pouvait faire d'être utilisé, manipulé par quelqu'un. Il allait la laisser tout prendre en main. La surprise qui l'attendait serait probablement plus intense que ce qu'il avait déjà goûté. Ezra ne s'imaginait pas qu'elle serait vaccinée à vie de ces rencontres subites. Tiens, "vacciné à vie", voilà qu'elle est terriblement amusante cette expression !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu es un génie-fille.