mardi 10 octobre 2006

Thanatos pour deux

A 16 ans, je me suis faite tabasser. C'était un mec vexé. Il m'avait fait des avances à une fête. Enfin c'était la première fois. Par la suite, il a continué. Ca avait viré à l'obsession. Apparemment, c'était moi et rien d'autre. Il se postait à la sortie de mes salles de cours pour me demander si on pouvait se voir le soir. A chaque fois, j'essayais de décliner gentiment. A chaque fois, il revenait. C'était épuisant. J'en ai parlé à Hadrien en lui faisant promettre de ne pas en parler à Alexandre. Alex aurait pu le tuer juste pour avoir posé les yeux sur moi. Hadrien a un peu plus de jugeote. Attention, je dis pas que je trouve Alex stupide mais disons que des fois il est très impulsif. Je voulais régler cette histoire toute seule donc j'en ai juste parlé à Hadrien pour qu'il me donne des conseils ou qu'il sache où trouver un responsable au cas où il m'arriverait quelque chose.
Le mec a pas arrêté de me coller. Il se foutait à la table derrière moi quand je mangeais, il me suivait quand je rentrais chez moi. Et à chaque fois, soit il me surveillait, soit il venait pour discuter, pour me demander si le soir j'étais libre. Au bout de trois semaines, j'en ai eu marre. Je l'ai envoyé chier en lui disant qu'il n'était pas pour moi, que je n'étais pas pour lui, qu'il ne fallait pas qu'il perde son temps avec moi et qu'il fallait qu'il me fiche la paix parce que j'avais l'impression d'être harcelée. Il a prétexté qu'il fallait absolument qu'il m'ait, que l'on soit ensemble. Je sais même pas s'il se rendait compte à quel point il était dérangé !
Ce connard s'est pointé à une fête où il n'était même pas invité. On était chez Alyssa. Elle a une grande baraque. Enfin voilà quoi, c'était une fiesta sympa entre potes du lycée qui avait eux-même ramené des gens mais on savait qui devait venir et lui n'était pas prévu au programme. Je l'ai vu arriver dans la cuisine. J'y étais avec un mec qui me plaisait à l'époque. Y'avait un pote à lui et tous les trois on discutait. Il s'est pointé, a voulu s'incruster dans la conversation. J'ai prétexté que je devais retrouver Alyssa dans le jardin pour me casser et le laisser avec les deux autres mecs. Même s'il y avait ce mec mignon, c'était pas une raison pour supporter la présence de ce taré. Je me suis donc éclipsée. J'étais dans les escaliers pour rejoindre la salle de jeux du frère d'Alyssa où il y avait les manteaux et les sacs pour récupérer mes affaires et me tirer aussi discrètement que possible. J'ai vu qu'il était derrière le mur du couloir et qu'il me regardait monter. Il n'y avait que deux personnes, qui étaient occupés dans la chambre des parents, à l'étage. J'ai chopé mes affaires aussi vite que possible pour pouvoir redescendre en vitesse mais il était là. Il était monté. Il me regardait avec un air malsain. Et il s'est jeté sur moi. Il a voulu me forcer à lui céder. J'ai pu me dégager en lui foutant un coup sur la tête avec la grande lampe à côté du meuble à jeux vidéos. Je lui ai dit qu'il allait le regretter et je suis partie.
J'ai raconté à Hadrien ce qui s'était passé. Il m'a dit que probablement il n'en resterait pas là. Je pensais qu'il allait avoir peur que je raconte cette histoire aux flics, qu'il allait me foutre la paix. Hadrien voulait qu'on en parle à Alexandre.
Le lendemain, à la sortie des cours, il était là. Il me regardait m'éloigner du lycée à pied. J'ai cru qu'il ne m'avait pas suivi. Sur quelques mètres, je pensais être seule mais il m'a attrapé par le cou et le bras, il m'a tirée jusque dans le fossé et il m'a cognée en me traitant de sorcière. Il hurlait qu'il était impuissant que c'était ma faute. Ma faute à moi saleté de sorcière. Je l'avais envoûté, moi, la connasse, adoratrice de Satan. Il ne pouvait plus bander et j'allais crever.
J'ai cru que j'allais mourir mais il m'a laissée tranquille. Je pouvais encore marcher mais j'ai préféré ne pas bouger, attendre qu'il soit suffisamment loin, appeler Hadrien qu'il vienne me chercher.
On a été à l'hôpital. On m'a soignée. J'ai porté plainte. Maman était calme. Elle disait que j'étais vivante et que j'irai mieux, que c'était le plus important. Papa pleurait de rage. Il hurlait aux policiers qu'il fallait le coincer. Qu'il fallait le foutre en taule. Alexandre me regardait l'air grave. Il a chopé Hadrien et ils se sont disputés. Je crois qu'il reprochait à Hadrien de ne lui avoir rien dit. Papa hurlait et mes frères se disputaient. Maman était sereine. Sa fille venait de se faire tabasser dans un fossé mais elle disait que tout irait bien. J'avais une envie de vengeance. Les flics ont dit qu'ils avaient envoyé une patrouille pour l'interpeler.
Les flics ne l'ont pas trouvé. Les flics ne l'ont jamais retrouvé. D'abord parce que ce fils de pute savait bien qu'il allait les avoir au cul. Il s'était planqué. Ensuite parce que mes frères, partis se disputer, ne sont revenus à mon chevet que quelques heures plus tard en m'annonçant que j'étais libre. Enfin parce que la chaux, ça attaque bien et que les porcs de l'élevage à la sortie du village où ce connard habite ont eu à bouffer. J'avais entendu dire qu'ils aimaient les os. Bah j'peux vous dire que c'est vrai.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vive les porcs.