mercredi 23 janvier 2008

Oubliée, oublie moi

Je les veux tous. Ils ne sont pas spéciaux. Ils ont juste le minimum de charme requis. Celui-ci a les cheveux en bataille, une belle gueule et la clope lui va bien. Celui-ci me regarde avec insistance depuis plus d'une heure et n'a pas le courage de venir me payer un verre. Celui qui est adossé au mur discute avec une fille mais n'arrête pas de me sourire. Un autre me frôle en faisant des vas et vient au bar. Je commence à me dire que s'il veut clairement me mettre la main au cul, il n'a qu à y aller... Que s'il ne le fait pas, moi, je vais lui empoigner les couilles fermement histoire qu'il comprenne que celui qui sème, récolte parfois quelque chose. Le grand brun au fond me demande de venir. Je ne sais pas quoi décider même si j'ai l'impression que de toutes façons, j'ai le choix et que même malgré un choix, je peux toujours revenir en arrière.

On joue le rôle qu'on nous donne. Hier, j'étais misérable, abandonnée, sans connaissance, sans amis, sans famille et ce soir, je suis l'impératrice de leurs fantasmes.

Retour à la réalité. Ce soir, je suis fatiguée. J'ai envie de dormir. Mon canapé m'appelle. Un film me tient compagnie et voilà que le cirque commence. Hier, j'ai donné mon numéro de téléphone et "qu'est-ce que tu fais ce soir ?". Maintenant, soit j'assure et je sors. Au risque de rentrer dans quelques jours complètement défoncée par la fatigue, les évènements et le reste. Soit je reste à l'abri dans ma couette, sur mon canapé devant ma télé pour la soirée, au risque que plus personne ne m'appelle avant le prochain plan de soirée. Parce que c'est ça le truc. Trouver un filon et surtout l'exploiter pour toujours obtenir de l'or. Si tu laisses ton filon sur le côté, il t'oublie et t'oublies.

Tiens, à force de glander, je fous rien. J'ai plus trop de thunes. Je me demande bien quoi foutre. Trouver un taff pour remplir le frigo, trouver des morceaux de tissu afin de sortir en tenue "potable".

Le nouveau centre de sociabilisation. Après l'école, le collège, le lycée, la fac, les fêtes, les concerts, internet... le travail. Comment passer 38h par semaine (minimum) à côté de quelqu'un sans lui adresser la parole. On sait tout d'eux maintenant. Ce sont des collègues avec-qui-on-sortirait-bien-un-soir.

Les fêtes, la tribu, ça a du bon. C'est bon. Décision prise : ce soir, je sors. On ne vit qu'une fois. Appel vers P. parce qu'il sait toujours où on peut passer un bon moment avec des gens sympas et de la bonne musique. Ce soir, on sort tous ensemble. Concerts, danses, soirées,...
Voilà que le cirque recommence... Soirée d'extase et demain, on remet ça... Avec ou sans moi.

Petite virée au café du coin. Le barman sait déjà ce qu'il me sert avant même que je lui ai dit bonjour. J'ai ma table, dans le coin au fond. De là, on voit tout. De là, on n'attire que les regards des gens qui cherchent d'autres gens. Y'a ce mec. Il est accoudé au bar. Sa grosse est debout à côté et fait mine de vouloir rentrer. Elle n'est pas ravie d'être là et lui refuse de bouger. Finalement, elle s'arrache en le traitant d'on ne sait quoi. Y'a la jeune femme qui commence à afficher des rondeurs de future mère. Elle est seule. Ses amies ne sont pas encore là. Elle veut de l'attention, parle au serveur qui, pourtant, s'échappe pour prendre une autre commande, tente d'arracher un sourire à l'étudiante dépressive de la table d'à côté. Y'a J., l'étudiant de science-Po qui vient d'apprendre la mort de son pote de primaire. Ca fait longtemps qu'il ne l'a pas vu mais ça le retourne. Il parle tout seul. En venant ici, il espère trouver une épaule pour pleurer et peut-être une aventure pour penser à autre chose. Il y a également trois bandes d'habitués. Ils ne se connaissent pas et pourtant se côtoient tous les jeudis, vendredis et samedis soirs. Tellement absorbés par leur amitié, ils en oublient le reste du monde. Sauf quand l'un d'entre eux s'est fait plaquer ou qu'une des leurs s'ennuie dans le lit conjugal. Là, les regards sortent du cercle à la recherche d'un extra. Généralement, c'est moi.

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