lundi 8 janvier 2007

Entracte

Le temps coule, les nuages continuent leur chemin et nous, nous avançons encore et encore à reculons. T'en as pas marre de ne pas savoir où tu vas ? Parce qu'en ce moment, je le sens que ma planète a du mal à tourner. Hadrien me le fait sentir. Il souffre réellement en moi. Il hurle tout ce qu'il peut en espérant que ça la ramènera mais il sent bien qu'il n'y peut rien.
Dis moi juste une chose, est-ce qu'on s'en sortira ? Tu peux vraiment me faire cette promesse ? Celle d'un espoir futur, d'une résolution presque heureuse, d'un avancement ? J'en suis presque à souhaiter une tuile. Hadrien regrette. Sarah espère et Alexandre ne comprend pas. Je ne comprends pas. Tu pourrais m'aider à comprendre ce qui m'arrive ? Pourquoi ces gens ont élus domicile dans ma tête ? Pourquoi Hadrien a affecté mon coeur ? Il me pourrit les yeux et Sarah crache des doutes. J'ai besoin d'une canne pour avancer. Je ne te demande rien. Je veux juste savoir que toi, tu vas avancer pour moi. Que tu ne renonceras pas. Pour moi.
On était au bord du lac la dernière fois avec les trois. On se promenait. Enfin concrètement j'étais seule mais lorsqu'on rêve assez fort, nos rêves sont réels. C'est l'avantage à être fou. On se promenait donc au bord de ce lac. Hadrien souriait encore. Mon dieu, j'en pleure d'y repenser. Sarah restait à côté d'Alex. Ils marchaient juste. Le long du lac. Et je me suis arrêté. On est donc allé s'assoir, les pieds dans l'eau. J'ai eu un pressentiment affreux, comme la première fois. Est-ce que j'aurai pu aider Hadrien ? Il me regardait avec toute l'affection qu'on porte à sa meilleure amie. Il me regardait et j'ai eu de la peine pour lui mais je ne savais pas pourquoi. Hadrien est venu s'assoir à côté de moi. On est restés silencieux tous les deux pendant que les deux autres s'amusaient à effrayer les canards et les cygnes. L'avantage avec le froid hivernal, c'est qu'il n'y a personne qui vient se frotter à toi, que tu peux t'incruster dans un paysage sans erreur.
J'ai besoin d'aide. Je le sais. Je ne sais pas à qui appartient cette larme. Je ne me rappelle pas pourquoi ils ont fait ça. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans cette chambre. Je me rappelle juste de ces pleurs. Je me rappelle de cette moquette sur laquelle il était assis. Je me rappelle du regard de sa sœur. Je me rappelle de la chute, du bruit, du sourire. Je me rappelle du balcon. Je me rappelle de cette putain de fenêtre, je me souviens parfaitement du dernier regard qu'elle nous a adressé avant de disparaître. Hadrien l'a perdue mais à la longue je me demande si moi aussi je ne l'aurai pas perdue. Lui a perdu sa raison, son sang-froid, son immortalité. Aurai-je perdu quelque chose d'aussi important et vital pour moi ?
J'avais tort. Je ne suis pas assez forte pour les porter tous les trois. Regarde dans quel état il est. Il n'arrive même plus à respirer tellement la douleur est grande. Regarde le mon fils. Mon petit garçon. Regarde le s'effondrer sur ce mur en se tortillant de douleur. Et regarde moi. Moi, je souffre pour n'importe quoi, pour du vent, pour quelqu'un qui n'existe pas.
C'est un transfert ma chère patiente. Je te jure, je le jure, je jure que le prochain a m'appelé sa chère patiente, je lui fais subir le même sort qu'à cet enfoiré dans ce putain d'immeuble.
Mais n'empêche ? Aurait-il tort ? Il faut chercher. Il faut qu'on arrive à trouver. Je ne sais pas où exactement le temps s'est effacé. Je ne sais pas non plus quand tout s'est envolé... Tu veux bien hurler avec moi ? Je ne suis pas sure d'y arriver seule...

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