vendredi 30 mai 2008

Bye Bye Gregory !

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- Alors ? T'en as fait quoi ?

- Je l'ai attaché au bout d'une corde derrière la bagnole. Je me suis mis au volant et je me suis mis à rouler. J'ai varié les vitesses et j'ai profité des hurlements. Le pauvre, il a fini comme un morceau de gruyère.

- Et les restes ?

- J'ai fait ça près d'une ferme porcine. Et les traces le long des routes, j'ai laissé. C'était trop joli.

jeudi 29 mai 2008

Gregory

C'est un homme banal. Il n'a absolument rien de particulier. Il n'est ni beau, ni moche. Ni grand, ni particulièrement petit. Il n'est pas gros, pas maigre ; il est juste normal.

Lorsqu'on se penche un peu plus sur son apparence, on remarque qu'il a un sourire gravé sur le visage. Il a également le même regard qu'un écureuil. Aussi triste que naïf mais néanmoins curieux. Il a des mains frêles avec juste assez de muscles pour vivre en ville. Ce n'est pas un manuel. Mais pas forcément un intellectuel non plus.

Cet homme n'existe qu'à travers les autres.

C'est par la présence de ses amis qu'on le remarque en soirée. C'est par la jeune femme qui lui tient la main qu'on le regarde dans la rue. C'est par son métier et la puissance qu'il a entre ses mains qu'on le jalouse. Lui enlever sa cour, sa femme, son job ? Facile. Il suffit presque de claquer les doigts.

Gregory est dépendant. Il est très conscient que le monde qui l'entoure menace de s'écrouler à cause d'un rien. Il est plus nerveux qu'avant, plus paranoïaque, plus sélectif. Il renouvèle sans cesse son cercle d'amis car un ami, ce n'est pas fidèle. Un ami qui en sait trop et un traitre en puissance. Gregory est un homme qui s'entoure de paillettes pour briller devant son miroir. Gregory va bientôt s'éteindre.

Gregory a cotoyé un peu trop longtemps une jeune femme. Belle, intelligente, subtile, forte et mais docile. Gregory pensait avoir trouver le parfait faire-valoir pour sa petite existence.

Et si je vous disais que tout tourne toujours à la catastrophe à cause d'une femme ?

Une voiture s'arrête devant l'appartement de Gregory. Il n'est pas stupide, il sait qu'il peut avoir des ennemis. Son métier lui permet d'avoir accès à certaines informations, certains secrets. Il peut, grâce à ça, influer sur des décisions qui bouleverseront l'avenir de tout un groupe. Il se prend même parfois pour Dieu, secrètement, sous sa douche, dans son lit, au volant de sa voiture...
Une voiture s'est arrêté devant l'appartement de Gregory. Pas les nombreux "faux logements" qu'il loue un peu partout en ville. Non, celui où il vit réellement. C'est un homme qui sort du véhicule. Il sourit. Levant les yeux vers le ciel pour trouver puis fixer la fenêtre principale de l'appartement de son futur copain de jeu, Alexandre jubile. Il sent le frisson qui arrive le long de son dos. Le jeu va reprendre. Enfin.

Alexandre pénètre dans l'immeuble, vérifie ses poches, l'emplacement de ses instruments, si ses membres répondent toujours aussi bien qu'avant. Il n'a pas opéré depuis plusieurs mois, il n'a pas peur d'être rouillé, juste de ne plus être au sommet de son art.

Il sera 23h lorsque Gregory sera balancé, sonné, dans le coffre de la voiture. Alexandre l'emmène faire un tour à la campagne. Là où personne ne sort la nuit. Un endroit qu'il a étudié pendant plusieurs semaines.

Alexandre se met au volant de la voiture qu'il a "emprunté". Il démarre. Il allume l'autoradio. Il écoute quelques chansons en regardant le paysage défiler. Il jubile. Il se met à sourire. Il est heureux. Et dans quelques minutes, et si Gregory est tenace, pendant quelques heures, l'orgasme ne sera pas loin.

mercredi 28 mai 2008

Retrouvailles

Tu sais, ça me fait aussi mal qu'à toi. Ne me regarde pas comme ça. Et arrête de pleurer. On croirait presque que tu as peur de moi.

Je ne sais pas. Je n'ai pas réfléchi à ce que je vais faire de toi. Je sais pas si je pourrai te faire la même chose. Ne me regarde pas comme ça, on croirait que tu es comme eux.

Sarah...

Si au moins je pouvais te dire ce que j'ai dans le coeur, je le ferai mais là, j'ai bien d'autres choses en moi. C'est un peu brouillon et je ne suis pas sûr moi-même de comprendre.

Mais tu sais bien. Je ne sais plus vraiment qui on est. Tu nous a lâché et c'était dur. Tu es partie au moment où nous, enfin moi j'avais le plus besoin de toi. Tu te rends compte ce que ça peut faire de perdre quelqu'un qu'on apprécie vraiment ? Je ne sais même pas si tu te rends compte.

Ne me parle pas de ce guignol, je ne t'ai pas vu pleurer, ni même serrer les poings. On dirait que tu t'en fiche. Me sortir ça comme excuse pour essayer de te créditer, c'est du grand délire. J'suis pas stupide. Ca se voit bien. Que ce soit lui ou un autre, il n'y a aucune différence.

Non, si Alex a fait ça, c'est que ça le démangeait. C'était un parasite. Ca lui semblait évident de nettoyer un peu la situation pour faciliter la communication.

Mais non je te répète ! Pas par vengeance. C'était pas pour la venger si c'est ce que tu penses. Et pas non plus pour te punir de nous avoir balancés comme ça.

Non, pas balancés... Tu t'es enfuie. C'est tout. Y'a des choses qu'il faut faire correctement. Te barrer du jour au lendemain après avoir foutu un tel bordel, te mettre avec ce crétin, te préparer une petite vie rangée, tu crois franchement que c'était une chose à faire ? Pas nous.

Ne viens pas me balancer qu'on devait pas le faire. Ca nous manquait et c'était une grosse tâche de toutes façons. Et sois franche, t'avais encore envie de le supporter longtemps ? Arrête de râler pour lui. On t'en trouvera un autre. La question dans l'immédiat c'est de savoir si on t'en trouve un autre pour que tu joues avec ou pour qu'il te tienne compagnie dans une chaufferie...

Bah ouais, là, je t'avoue que j'hésite un peu. J'ai toujours été rancunier.

mardi 27 mai 2008

Hadrien et Sarah

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Hadrien est assis sur une chaise. Il repense à l'époque où Sarah n'était qu'une toute petite fille. Il se rappelle des premiers gestes de la fillette, ceux qui lui ont fait pensé qu'elle serait sa préférée.

Hadrien repense au sourire de sa soeur quand il lui apprenait à manier un couteau. Elle n'avait pas dix ans et s'amusait avec des armes blanches comme d'autres avec des poupées. Elle avait le même regard innocent que les autres. La seule différence, c'est qu'elle développait un talent inné. Les autres étaient inutiles. Oui, tout simplement inutile.

Hadrien esquisse un sourire en repensant à la première fois où Sarah est venue le voir en pleurant. Elle avait eu peur. Elle avait douze ans et elle avait eu peur. Ce qui lui semblait étrange, c'est que c'était la première fois.

Hadrien laisse échapper une larme. Il repense avec beaucoup d'émotion au connard qui avait oser la frapper. Il repense à la dispute qu'il avait eu avec Alexandre et aux horreurs qu'ils avaient faits subir au jeune homme pour avoir tâcher leur si jolie petite soeur.

Hadrien ressent l'amour qu'il a pour son frère. Hadrien ressent l'amour qu'il a pour sa soeur. Il se demande parfois si celui qu'il a pour Sarah n'est pas plus fort. Alexandre est identique à lui. Il est une partie de lui, physiquement et mentalement, même s'ils sont très différents. Mais Sarah est unique. Elle est une créature indépendante et il l'aimait aussi parce que, sans ce lien profond qui existe entre lui et son frère jumeau, elle a su faire partie intégrante du trio.

Hadrien essaie d'établir un lien entre la soeur qu'il avait et la femme qu'elle est aujourd'hui. Celle qui est accroupie devant lui.

Le réveil du Doyen

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"Salut ma grande. Alors, surprise ?"
"Ne hurle pas où je te tranche la gorge. N'essaie pas de te débattre non plus. Tu me connais depuis suffisamment longtemps pour savoir de quoi je suis capable."
"T'es pas content de revoir ton grand frère ?
"

Sans rire, à quoi elle pensait ? Qu'est-ce qu'elle croyait ? Que j'allais la laisser s'enfuir comme ça ? Ca me fait vraiment rire. Elle est vraiment très drôle cette idée. La laisser s'en aller sans rien faire.
J'ai mis le temps mais je l'ai retrouvé. Cette connasse. Elle pensait naïvement pouvoir m'échapper en changeant de nom, en se taillant une petite vie normale ? Sans rire. On a grandi ensemble ! Elle me connaît putain ! Elle sait comment je suis.
D'ailleurs, elle a rien pu dire. Elle était tellement stupéfaite de me voir. Déjà de me voir en vie. Quelle conne... Comme si Hadrien pouvait me liquider. Putain, c'est vraiment tordu comme idée. Bousiller sa propre gueule. Enfin bon, elle peut pas comprendre. Mais sa tête quand je lui suis tombé dessus. C'était jouissif. J'en ris encore.

"Tu dis rien. On t'a coupé la langue ? Allez Sarah, dis moi au moins "bonjour". Ca fait déjà deux ans qu'on ne s'est pas vu ! T'as du en faire du chemin. Tu vas pas me raconter ?
On a trucider de l'inutile ces derniers temps ? T'as pas un incapable ou deux à éviscérer ? En souvenir du bon vieux temps ? ... Merde, fais pas cette gueule."

Pour ma petite soeur, j'étais tombé dans un piège. Et probablement que j'avais du me faire torturer par mon frère. Mais Hadrien n'est pas fou. Enfin, il a presque retrouvé la raison mais il n'est pas fou. Il ne l'a jamais été. Il était juste dans une passage. Se faire voler sa copine pour des jeux qu'on pratiquait nous-même, forcément c'était dur. Et même s'il a eu sa grosse période de parano, il s'est repris. Il savait bien qu'on ne pouvait pas avoir fait ça.
C'est sûr que quand Sarah a foutu le camp en foutant son merdier, ça lui est resté un peu en travers de la gorge. Ca n'aidait pas à la blanchir totalement. "Peut-être qu'elle avait peur d'être remplacée" avait-il supposé. Je savais bien qu'elle était pas comme ça. C'est notre soeur, notre camarade de jeu, notre coéquipière. C'était surtout une élève douée.

"Il faudrait que tu vois Hadrien. Il est un peu en colère contre toi. Je vais te ramener là-bas, tu vas prendre le temps, lui expliquer clairement ce qui t'a traversé l'esprit... Et ouais ma grande, Hadrien est encore des nôtres. Il lâchera pas sa vie aussi facilement que ça ! Surtout pas pour une femme."

Quand j'ai prononcé son nom, j'aurai presque cru sentir qu'elle avait plus peur de lui que de moi. Avec le recul, je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Je pensais être le plus cruel des trois.
Je l'ai prise par le bras, on a été chez elle prendre des affaires. Elle a laissé un mot pour son cher et tendre. On est parti.

Sauf que lui, il était déjà là-bas.

lundi 26 mai 2008

Le Hurleur

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- J'aime découper de la viande -


C'est à peu près la seule chose qui puisse me calmer dans ces cas-là. Quand j'entends cet enfant hurler encore et encore, pour rien. Juste pour exister. Quand je sens le sol vibrer, que mon coeur sursaute lorsqu'une porte claque, j'aimerai l'avoir en face de moi.
Lorsqu'il crie ses caprices et qu'encore et encore il salisse violemment le nom de ses parents, j'aimerai faire couler l'eau et le noyer tendrement en le regardant tout doucement s'en aller.

Jour après jour, semaine après semaine... Mois après mois et bientôt tout au long de cette fichue année, j'entends sa voix, sa présence, sa désobéissance, son arrogance... J'aimerai descendre ces quelques marches et les lui faire oublier.

Je découpe quelques cadavres d'animaux avec mes nouveaux couteaux. Je coupe car j'entends. J'affûte car je vibre. Plus les secousses sont intenses plus l'envie est grande.

Les parents viennent de s'absenter. Ils viennent de fuir. L'enfant n'a pas dix ans. Il est seul dans le grand appartement du dessous. Il hurle parce qu'il a lassé ses parents. Ils sont partis en voiture, loin, pour se calmer. Le père était à deux doigts de lui fracasser sa main dans la tête mais il est parti. La mère voulait se faire couler un bain et a eu de vilaines pensées alors elle l'a accompagné. L'enfant hurle de plus en plus fort. Il passe sa colère, son sentiment de trahison et d'abandon sur les portes, les murs, la vaisselle à portée de main, il a cassé tous ses jouets.
Les parents ont tenté de rentrer déjà deux fois mais l'enfant n'était toujours pas épuisé.
Un voisin est allé voir mais l'enfant l'a insulté, mordu et lui a cassé un vase dans le dos. Il est parti lui aussi.
L'enfant continue de hurler, de crier des insultes, de jurer vengeance. L'enfant n'aura pas dix ans. Pas s'il continue.

Je ne sais pas si j'étais réellement consciente, si c'était un moment de folie passagère ou si ma nature profonde s'est révélée pendant cet après-midi là mais la jouissance était là. J'ai aimé changer de matière. J'ai aimé enfoncer ces lames si belles dans cette peau, dans ces muscles. Ces couteaux sont absolument exceptionnels. On taille vraiment de belles pièces avec. Et elles se lavent si facilement.
J'ai détesté pendant si longtemps l'entendre hurler mais l'entendre hurler sous la douleur lorsque je lui arrachais les joues à mains nues, c'était si bon. C'était comme si, puisqu'il avait une raison, ma raison, il avait alors toute mon attention. Je l'ai entendu hurler avec plaisir quand je lui ai coupé les oreilles et que j'ai arraché sa langue. Il a cessé de hurler. Je ne pensais pas qu'il resterait éveillé si longtemps. Il était vraiment résistant à la douleur ce mioche.


Manque de bol, ce sont les parents qui crient maintenant...

dimanche 11 mai 2008

Le cadavre sort du placard

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Comment j'ai brisé sa vie.


Je lui avais parlé grâce à notre passion commune : la photographie. Je prenais des photos de portraits principalement et lui, les retouchait. On ne s'était rencontré qu'une fois et brievement. Il m'avait pourtant laissé le souvenir intact d'un don juan qui n'a pas froid aux yeux. Il m'avait abordé en me demandant si je voulais l'embrasser. Tout simplement et sous le regard un peu perplexe de mon compagnon de l'époque, qui était un très bon ami à lui. C'est comme ça qu'il engage la conversation avec les femmes.

Il voulait son baiser. Je voulais en savoir plus. On s'est reparlé. Il m'a montré les photos qu'il avait remaniées et je lui envoyais quelques uns de mes projets. On travaillait en symbiose à distance. On échangeait de la musique, des opinions, des détails sur nos mondes réels et nos mondes imaginaires.
On s'est aimé dans un lit, dans la cuisine, sur la table du salon, dans les bois, dans une salle de cinéma, sur le bord d'une autoroute, d'un wagon de train vide. Seulement dans ces moments-là. En dehors, malgré nos projets, on savait l'un comme l'autre qu'on pouvait se haïr. J'étais une menace potentielle. Je savais certaines choses qu'il cachait depuis des années.

C'est le jour où il a été trop loin que je l'ai trahis. Il fallait que je l'arrête, que je l'empêche de faire du mal à mes proches. C'est beaucoup moins drôle de savoir qu'il joue au docteur quand on sait qu'il le fait sur des gens qu'on apprécie.

On était chez lui. Il avait amené une fille qui était proche de son cercle d'ami. Il me l'avait présenté pendant un de mes séjours chez lui. Et cette nuit, elle était toute seule chez lui. Elle était enfermée dans la chambre d'à côté.
Il est venu m'embrasser, me souhaiter bonne nuit et il est allé la rejoindre. J'ai tout entendu. Je n'ai jamais revu la fille. Et lui non plus après cette nuit-là.

Quand j'ai compris ce qu'il lui avait fait, comme aux autres, qu'il avait touché à quelqu'un de son cercle. Rien ne pouvait l'arrêter. Il se fichait de nous. J'ai contacté ses amis et on s'est arrangé pour que plus jamais il ne nous revoit. On l'a bannit.
On l'a privé de sa maison, des ses parents, de sa soeur, de toutes ses relations sociales et on l'a exilé.


C'est toujours différent quand c'est quelqu'un qu'on connaît. On est tout de suite plus touché. C'est horrible de finir sa vie de cette manière...


Comment il est réapparu...

Nous avons tous refait notre vie depuis. Je me suis séparé de mon compagnon de l'époque. J'ai déménagé à 850 kilomètres de chez moi. J'ai un nouvel ami. Un nouvel appartement. Une nouvelle bande d'amis. Je ne pensais plus à lui. Tout était derrière moi. J'avais tourné la page.
Et hier, il était là. A trois mètres de chez moi. Je sortais pour aller rejoindre des amis, je ne l'avais pas vu tout de suite mais il me suivait. J'ai emprunté une rue étroite et c'est là qu'il m'a rattrapé. Il m'a saisi à la gorge, il serrait de plus en plus fort en me regardant sans un mot.
Je me suis mise à pleurer. Je revoyais un cadavre que j'avais enfermé dans un placard et que j'avais oublié. Je pleurais de peur en le fixant. Je ne pouvais pas croire que c'était lui. Ca ne pouvait pas être lui. C'était impossible. Pas lui.
Il a lâché mon cou mais m'a pris par les bras. Il m'a serré très fort contre le mur et m'a dit que ce n'était que le début. Il m'a frappé, je suis tombée, il s'est enfui.

J'ai continué à pleurer, dans la rue, les jambes tremblantes, à demander "comment ?".