lundi 26 mai 2008

Le Hurleur

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- J'aime découper de la viande -


C'est à peu près la seule chose qui puisse me calmer dans ces cas-là. Quand j'entends cet enfant hurler encore et encore, pour rien. Juste pour exister. Quand je sens le sol vibrer, que mon coeur sursaute lorsqu'une porte claque, j'aimerai l'avoir en face de moi.
Lorsqu'il crie ses caprices et qu'encore et encore il salisse violemment le nom de ses parents, j'aimerai faire couler l'eau et le noyer tendrement en le regardant tout doucement s'en aller.

Jour après jour, semaine après semaine... Mois après mois et bientôt tout au long de cette fichue année, j'entends sa voix, sa présence, sa désobéissance, son arrogance... J'aimerai descendre ces quelques marches et les lui faire oublier.

Je découpe quelques cadavres d'animaux avec mes nouveaux couteaux. Je coupe car j'entends. J'affûte car je vibre. Plus les secousses sont intenses plus l'envie est grande.

Les parents viennent de s'absenter. Ils viennent de fuir. L'enfant n'a pas dix ans. Il est seul dans le grand appartement du dessous. Il hurle parce qu'il a lassé ses parents. Ils sont partis en voiture, loin, pour se calmer. Le père était à deux doigts de lui fracasser sa main dans la tête mais il est parti. La mère voulait se faire couler un bain et a eu de vilaines pensées alors elle l'a accompagné. L'enfant hurle de plus en plus fort. Il passe sa colère, son sentiment de trahison et d'abandon sur les portes, les murs, la vaisselle à portée de main, il a cassé tous ses jouets.
Les parents ont tenté de rentrer déjà deux fois mais l'enfant n'était toujours pas épuisé.
Un voisin est allé voir mais l'enfant l'a insulté, mordu et lui a cassé un vase dans le dos. Il est parti lui aussi.
L'enfant continue de hurler, de crier des insultes, de jurer vengeance. L'enfant n'aura pas dix ans. Pas s'il continue.

Je ne sais pas si j'étais réellement consciente, si c'était un moment de folie passagère ou si ma nature profonde s'est révélée pendant cet après-midi là mais la jouissance était là. J'ai aimé changer de matière. J'ai aimé enfoncer ces lames si belles dans cette peau, dans ces muscles. Ces couteaux sont absolument exceptionnels. On taille vraiment de belles pièces avec. Et elles se lavent si facilement.
J'ai détesté pendant si longtemps l'entendre hurler mais l'entendre hurler sous la douleur lorsque je lui arrachais les joues à mains nues, c'était si bon. C'était comme si, puisqu'il avait une raison, ma raison, il avait alors toute mon attention. Je l'ai entendu hurler avec plaisir quand je lui ai coupé les oreilles et que j'ai arraché sa langue. Il a cessé de hurler. Je ne pensais pas qu'il resterait éveillé si longtemps. Il était vraiment résistant à la douleur ce mioche.


Manque de bol, ce sont les parents qui crient maintenant...

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