jeudi 29 mai 2008

Gregory

C'est un homme banal. Il n'a absolument rien de particulier. Il n'est ni beau, ni moche. Ni grand, ni particulièrement petit. Il n'est pas gros, pas maigre ; il est juste normal.

Lorsqu'on se penche un peu plus sur son apparence, on remarque qu'il a un sourire gravé sur le visage. Il a également le même regard qu'un écureuil. Aussi triste que naïf mais néanmoins curieux. Il a des mains frêles avec juste assez de muscles pour vivre en ville. Ce n'est pas un manuel. Mais pas forcément un intellectuel non plus.

Cet homme n'existe qu'à travers les autres.

C'est par la présence de ses amis qu'on le remarque en soirée. C'est par la jeune femme qui lui tient la main qu'on le regarde dans la rue. C'est par son métier et la puissance qu'il a entre ses mains qu'on le jalouse. Lui enlever sa cour, sa femme, son job ? Facile. Il suffit presque de claquer les doigts.

Gregory est dépendant. Il est très conscient que le monde qui l'entoure menace de s'écrouler à cause d'un rien. Il est plus nerveux qu'avant, plus paranoïaque, plus sélectif. Il renouvèle sans cesse son cercle d'amis car un ami, ce n'est pas fidèle. Un ami qui en sait trop et un traitre en puissance. Gregory est un homme qui s'entoure de paillettes pour briller devant son miroir. Gregory va bientôt s'éteindre.

Gregory a cotoyé un peu trop longtemps une jeune femme. Belle, intelligente, subtile, forte et mais docile. Gregory pensait avoir trouver le parfait faire-valoir pour sa petite existence.

Et si je vous disais que tout tourne toujours à la catastrophe à cause d'une femme ?

Une voiture s'arrête devant l'appartement de Gregory. Il n'est pas stupide, il sait qu'il peut avoir des ennemis. Son métier lui permet d'avoir accès à certaines informations, certains secrets. Il peut, grâce à ça, influer sur des décisions qui bouleverseront l'avenir de tout un groupe. Il se prend même parfois pour Dieu, secrètement, sous sa douche, dans son lit, au volant de sa voiture...
Une voiture s'est arrêté devant l'appartement de Gregory. Pas les nombreux "faux logements" qu'il loue un peu partout en ville. Non, celui où il vit réellement. C'est un homme qui sort du véhicule. Il sourit. Levant les yeux vers le ciel pour trouver puis fixer la fenêtre principale de l'appartement de son futur copain de jeu, Alexandre jubile. Il sent le frisson qui arrive le long de son dos. Le jeu va reprendre. Enfin.

Alexandre pénètre dans l'immeuble, vérifie ses poches, l'emplacement de ses instruments, si ses membres répondent toujours aussi bien qu'avant. Il n'a pas opéré depuis plusieurs mois, il n'a pas peur d'être rouillé, juste de ne plus être au sommet de son art.

Il sera 23h lorsque Gregory sera balancé, sonné, dans le coffre de la voiture. Alexandre l'emmène faire un tour à la campagne. Là où personne ne sort la nuit. Un endroit qu'il a étudié pendant plusieurs semaines.

Alexandre se met au volant de la voiture qu'il a "emprunté". Il démarre. Il allume l'autoradio. Il écoute quelques chansons en regardant le paysage défiler. Il jubile. Il se met à sourire. Il est heureux. Et dans quelques minutes, et si Gregory est tenace, pendant quelques heures, l'orgasme ne sera pas loin.

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