mardi 27 mai 2008

Le réveil du Doyen

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"Salut ma grande. Alors, surprise ?"
"Ne hurle pas où je te tranche la gorge. N'essaie pas de te débattre non plus. Tu me connais depuis suffisamment longtemps pour savoir de quoi je suis capable."
"T'es pas content de revoir ton grand frère ?
"

Sans rire, à quoi elle pensait ? Qu'est-ce qu'elle croyait ? Que j'allais la laisser s'enfuir comme ça ? Ca me fait vraiment rire. Elle est vraiment très drôle cette idée. La laisser s'en aller sans rien faire.
J'ai mis le temps mais je l'ai retrouvé. Cette connasse. Elle pensait naïvement pouvoir m'échapper en changeant de nom, en se taillant une petite vie normale ? Sans rire. On a grandi ensemble ! Elle me connaît putain ! Elle sait comment je suis.
D'ailleurs, elle a rien pu dire. Elle était tellement stupéfaite de me voir. Déjà de me voir en vie. Quelle conne... Comme si Hadrien pouvait me liquider. Putain, c'est vraiment tordu comme idée. Bousiller sa propre gueule. Enfin bon, elle peut pas comprendre. Mais sa tête quand je lui suis tombé dessus. C'était jouissif. J'en ris encore.

"Tu dis rien. On t'a coupé la langue ? Allez Sarah, dis moi au moins "bonjour". Ca fait déjà deux ans qu'on ne s'est pas vu ! T'as du en faire du chemin. Tu vas pas me raconter ?
On a trucider de l'inutile ces derniers temps ? T'as pas un incapable ou deux à éviscérer ? En souvenir du bon vieux temps ? ... Merde, fais pas cette gueule."

Pour ma petite soeur, j'étais tombé dans un piège. Et probablement que j'avais du me faire torturer par mon frère. Mais Hadrien n'est pas fou. Enfin, il a presque retrouvé la raison mais il n'est pas fou. Il ne l'a jamais été. Il était juste dans une passage. Se faire voler sa copine pour des jeux qu'on pratiquait nous-même, forcément c'était dur. Et même s'il a eu sa grosse période de parano, il s'est repris. Il savait bien qu'on ne pouvait pas avoir fait ça.
C'est sûr que quand Sarah a foutu le camp en foutant son merdier, ça lui est resté un peu en travers de la gorge. Ca n'aidait pas à la blanchir totalement. "Peut-être qu'elle avait peur d'être remplacée" avait-il supposé. Je savais bien qu'elle était pas comme ça. C'est notre soeur, notre camarade de jeu, notre coéquipière. C'était surtout une élève douée.

"Il faudrait que tu vois Hadrien. Il est un peu en colère contre toi. Je vais te ramener là-bas, tu vas prendre le temps, lui expliquer clairement ce qui t'a traversé l'esprit... Et ouais ma grande, Hadrien est encore des nôtres. Il lâchera pas sa vie aussi facilement que ça ! Surtout pas pour une femme."

Quand j'ai prononcé son nom, j'aurai presque cru sentir qu'elle avait plus peur de lui que de moi. Avec le recul, je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Je pensais être le plus cruel des trois.
Je l'ai prise par le bras, on a été chez elle prendre des affaires. Elle a laissé un mot pour son cher et tendre. On est parti.

Sauf que lui, il était déjà là-bas.

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