vendredi 22 décembre 2006

Doutes et Découvertes

Extrait du journal de Sarah :

19 août. Cela fait plus de deux mois que je n’ai rien noté dans ce journal. Beaucoup de choses à raconter donc. Je suis dégoûtée par le genre humain. Je trouve ça déplorable à mon âge mais c’est le cas. Les meilleures amies d’enfance me tournent le dos ou ne trouvent d’intérêt à ma conversation que pour pouvoir approcher mes frères. Les hormones commencent à faire effet. Maman m’en avait parlé. L’âge ingrat. L’âge où t’as des boutons pleins la gueule, où ton « corps se transforme, ce n’est pas sale, blablabla ». C’est surtout l’âge où tu te rends compte que tes proches sont tous des hypocrites nombrilistes qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel. L’âge où tu peux faire le tri entre les pétasses et les fils de pute. Comment ai-je pu être si idiote ? Croire que parmi ces attardés, je pourrai me trouver un ami ? C’est là que je me demande si les seuls qui méritent mon intérêt ne sont pas mes frères… Mais ils sont obligés, ils sont mes frères… Ca me tue. Ne pouvoir faire confiance à personne. Savoir qu’il est ridicule de vouloir se faire un véritable ami. La télévision montre des gens fidèles mais ça n’existe pas. Ils sont fidèles à leurs ambitions. Les vacances m’ont fait du bien. Je prends note des saloperies de cette année. Faire l’ermite n’y changera rien. Mieux vaut encore que je reste liée à ce monde de connards. Peut-être y trouverai-je quelques jeux intéressants à mettre en place ?

Extrait du journal d’Hadrien :

19 août. La petite fait la gueule depuis le début des vacances. C’est chiant ! Alexandre et moi tentons de la faire sortir mais rien ne l’intéresse. Elle reste presque inanimée, subissant ce qui l’entoure. Maman nous dit de lui foutre la paix mais je pense pas que ça lui rende service. Il faut qu’elle se change les idées. On pensait l’emmener à la fête du petit village à la fin de la semaine. Maman va râler si elle l’apprend. C’est pas Sarah qui ira nous balancer, inerte comme elle est. Alors, on va l’emmener. Ca lui fera du bien de sortir. Ca a beau être une gamine, je pense qu’elle comprend nettement mieux le monde que ces copines nymphos… J’espère qu’à la rentrée, elle va arrêter de traîner avec ces greluches. Elle est si intelligente que ce serait dommage que ces connes soient contagieuses et qu’elle gâche son potentiel.

Extrait du journal de Sarah :

22 août. Les garçons m’ont emmenés avec eux à une fête plus que ringarde. Malgré le côté très bouseux, je dois dire que je me suis beaucoup amusée. On est arrivée donc à la salle des fêtes, il y avait des jeunes qui étaient là visiblement pour se montrer. C’était vraiment à hurler de rire. Ils se pavanaient avec leur clope au bec, la cachant dès que Papa Maman étaient dans les parages. Hadrien est resté avec moi toute la soirée. Alexandre a entendu dire qu’il y avait un concert pas loin alors il s’est tiré. On ne la revu qu’à trois heures du matin. Il était dans un état second. On aurait dit qu’il avait pris de la drogue. Hadrien lui a passé un savon. Je crois qu’Alexandre a fait une connerie. Pour le moment, j’en sais rien. Donc on était à la fête pendant qu’Alexandre était parti. Hadrien m’a fait dansé, m’a présenté à certains de ses potes, m’a raconté des trucs bizarres sur la destiné. Il tient de tels propos parfois que j’en viens à me demander s’il n’a pas intégré une secte. Toujours est-il que j’ai fait la connaissance de Billy. C’est un garçon qui se la joue beaucoup. Il se donne un genre. Il se prétend bisexuel mais ça se voit qu’il est vraiment hétéro. Il fait parti de ces gens qui subissent les modes. Si le fait de se teindre les cheveux en rose devait être considéré comme rebelle, il le ferait. Victime et esclave des préjugés. Le pauvre. Ma petite taille due à mon âge l’a fait rigoler. Pourtant, lorsqu’on était seuls tous les deux, qu’on a discutés, il a été surpris. J’adore quand les gens pensent que du haut de mes 1 mètre 45, je ne peux être qu’une jeune conne écervelée. Il a pris mon numéro de téléphone. Il m’a déjà rappelé. Si jamais ce connard veut me serrer, je lui colle les flics au cul. On n’est jamais assez prudent. Mieux vaut anticiper les coups de pute. Même de la part d’un pote d’Hadrien. Bref, ce mec me semble tout à fait sympathique pour le moment. Il a beau être formaté, il a un brin de jugeote. Il admet ses torts (ce qui n’est pas donné à tout le monde). Il cherche à comprendre, il réfléchit, il ne semble pas tout prendre pour acquis. Pour un mec de 17 ans, il se sert de son cerveau. On verra bien par la suite si je vais être déçue ou non.

Extrait du journal d’Hadrien :

22 août. Sarah a fait copain copain avec Billy. Je n’aurai jamais cru que ce connard pourrait s’amouracher d’une nana si jeune ! Je compte quand même le surveiller. Il a l’habitude de tripoter tout ce qui bouge. Si jamais il touche à ma sœur, je crois qu’Alexandre ne va pas lui laisser longtemps l’occasion de respirer. D’ailleurs en parlant d’Alexandre. Hier soir, pendant que je suis resté avec Sarah, il est parti à un concert. Lorsqu’il est revenu, il m’a raconté ce qui s’était passé. Je n’arrive pas à croire que ce connard soit passé à l’acte. Je n’arrive pas non plus à croire que je semble cautionner ses crimes. J’étais heureux de le voir revenir avec du sang sur le corps. Mon dieu, il était couvert de sang. J’ai cru qu’il avait été saigner un cochon du père Marriot. Il a du bol que personne ne l’ait vu. Enfin Sarah l’a vu. Mais elle n’a rien dit. Je pense qu’elle n’a pas compris. Il n’a pas fini de me raconter mais il me semble qu’il ne se soit pas arrêter au concert.

vendredi 1 décembre 2006

Arthur

J'ai rencontré Marla il y a environ un an. On s'est tout de suite très bien entendu. On était très complice même si parfois on s'engueulait pour des conneries... Je ne suis jamais tombé amoureux d'elle mais j'avais constamment envie de la protéger. Il ne s'est jamais rien passé entre nous, que les choses soient claires. On se confiait l'un à l'autre tous les soirs. Quand on ne pouvait pas se voir, on s'appelait. Je crois qu'en un an, on n'a jamais oublié de se donner des nouvelles... Tu t'attends à ce que je dise "sauf ce soir-là". Mais arrête trente secondes ! La vie ne se passe pas toujours comme dans un épisode de ces séries débiles qui passent à la télé ! La réalité est parfois même pire que ça. Les méchants ne sont pas punis et les bons n'ont pas une vie heureuse... Sors toi les doigts du cul sinon, c'est vraiment pas la peine de lire la suite.
Donc je disais que Marla et moi, on avait une complicité sans limite. Un soir (oui, là, ça fait cliché, je te l'accorde), elle m'appelle et me dit qu'elle a rencontré un mec extraordinaire, qu'ils ont eu le coup de foudre tous les deux, qu'elle n'aurait jamais imaginé aimer quelqu'un si vite et si intensément. Mon rôle d'ami tente de la ramener à la raison mais bon, les filles, quand elles sont sur leur nuage, rien n'y fait. Et tous les jours, on s'appelle et tous les jours elle y va de son petit couplet sur Hadrien... Un mec adorable, intelligent, drôle (mais pas tout le temps) et qui la gâte. J'admets avoir été un peu jaloux parce que du coup, on se voyait moins. Il n'y en avait que pour lui. Mais au bout d'une semaine, j'y ai repensé. Elle a le droit d'être heureuse après tout. Alors j'ai arrêté d'être con et j'ai fait des efforts.
Et elle me l'a présenté. Et c'est vrai que c'est un mec bien. Y'a pas à dire, elle n'était jamais tombé sur un mec aussi bien. On est même devenu potes. Pas des amis mais disons qu'on s'entendait bien. On a été à des concerts avec lui et c'était pas trop mal. Je pensais que c'était un mec un peu coincé qui se prenait au sérieux. En fait, il a l'air comme ça. C'est la réputation qu'il a. Ce mec sait se lâcher. Il est même monté sur scène le soir où il y a eu un mort. J'sais pas si vous en avez entendu parler mais une nana s'est faite assassiner pendant qu'elle faisait un slam. C'est horrible. Y'avait du sang de partout il paraît. Nous, on n'a rien vu, on était parti avant.
Mais je sais pas pourquoi, je le sentais pas. C'est vrai qu'il était sympa, qu'il était adorable avec elle, qu'il la protégeait... En plus, c'était un mec bien ! Sans parler du fait qu'il était avec elle. En tant que personne, il était extraordinaire. Mais quand elle a oublié de m'appeler un soir, puis deux, je me suis inquiété. Et lui, je n'avais pas de nouvelles et comme elle commençait à perdre sa petite étincelle dans les yeux, j'ai tout de suite pensé que c'était lui. Alors je suis allé chez lui. Je me suis posté devant chez lui et j'ai attendu qu'il sorte. Je lui ai cassé la gueule quand il a dit qu'il ne la connaissait pas, qu'il s'en foutait d'elle, qu'il était pas du genre à s'enticher d'une pute en rigolant. Je l'ai cogné tellement fort. Il y avait le sang de sa sale petite gueule partout sur le bitume, sur le trottoir. J'étais tellement énervé que si sa soeur n'était pas sortie pour me menacer d'appeler les flics, je l'aurai sûrement tué.
Je me suis cassé, suis allé chez elle, sans réponse, sans savoir où la trouver. J'ai attendu qu'elle rentre, qu'elle appelle, qu'elle revienne... J'ai attendu pendant des heures... Je n'ai pas dormi de la nuit. Je voulais aller à sa recherche mais pour aller où ? Le lendemain matin, je suis allé chez moi. J'ai dormi un peu sur le canapé. Et puis la soeur de l'autre est venue. Elle a gueulé que j'étais qu'un connard, que je devais me renseigner avant de frapper les gens, que c'était pas Hadrien et qu'il fallait vraiment être un abruti et une brute pour ne pas s'en être aperçu... Quelle connasse ! Me faire croire que c'était pas Hadrien ! N'empêche qui lui ressemblait bien ! Il a pas de frère jumeau que j'sache !
Je la trouve culottée ! Elle rentre chez moi, me tape un scandale parce que j'ai un peu abimé son frère et tout en me traitant de monstre, elle me fait exploser la cervelle avec un fusil... J'voudrais bien savoir qui est le plus barbare des deux !

mercredi 29 novembre 2006

Amertume

Je te hais.

mardi 21 novembre 2006

Le petit oiseau est sorti

Icare est dans la chambre de son fils. Auparavant, il a monté les escaliers, les bras portant le linge que son fils a oublié de remonter la veille au soir. Ranger le salon et remettre à sa place les choses qui doivent y être. Icare a du temps devant lui ce matin, il est en congé. Il avait hésité avant de rapporter les affaires dans la chambre de son fils car, comme il l'avait enseigné à ses enfants, ils devaient se débrouiller et ne pas compter sur leurs parents. Son épouse aime tenir sa maison en ordre et ses affaires délaissées n'allaient tout de même pas provoquer un scandale mais il était préférable qu'elles soient remises à leur propriétaire. Alexandre allait rentrer tard ce soir. Il a son entraînement de sport avec son frère. Icare ne sait même plus ce que font ses fils. Du tennis ? Non, ça c'était lorsqu'ils étaient au collège... Du foot ? Non, ils n'aiment pas beaucoup le football... Oh, il ne sait plus mais tant que ça leur permet de se sentir bien dans leur peau et que ça entretient leur forme, quelque soit le sport, il les soutient, comme toujours.

Icare est dans la chambre de son fils, Alexandre. La pièce est rangée et propre. Le lit est fait, chaque chose est à sa place. Sur les murs, il y a des dessins qu'Hadrien et Alexandre ont faits ensemble. Les murs sont pourtant d'un blanc presque immaculé en-dessous. Il y a pourtant quelque chose qui attire l'oeil du père. Quelque chose qui dépasse. Oui, qui dépasse... Qu'est-ce que c'est ? Une photo ? Intrigué, il s'approche de la commode, là où on range les sous-vêtements, et saisit la photographie. Il la regarde. Son visage ne se modifie pas. Neutre avant, neutre après. Il reste immobile à contempler la photo. Qu'est-ce que ça signifie ? Vais-je devoir me mettre en colère ? Il entrouvre la bouche, laisse échapper un soupir, ferme les yeux, continue de tenir cette photo entre ses doigts. Ce moment va devoir s'arrêter. Icare. Il faut que tu fasses un mouvement. Fais quelque chose. Il rouvre les yeux sur la photo. Verse une larme. Il la remet dans le tiroir de la commode. Il s'arrête de nouveau. Referme les yeux afin de libérer une deuxième larme. Une boule commence à se former dans sa gorge mais il ne la veut pas cette boule. Il fait enfin un pas. Vers la porte. Hésite. Et si je regardais à nouveau pour vérifier ? Non. Il se dirige vers la porte. Il sort.

Icare était dans la chambre d'Alexandre. Il dévale les escaliers, cherche sa femme, ne la trouve pas. Elle est probablement dans le jardin. Qu'est-ce que je fais ? Je vais lui en parler ? Non, ça la tuerait ! Elle... Elle ne comprendrait pas. Verse toi un verre d'eau et réfléchit. Nom de dieu mais qu'est-ce que cette photo foutait là ? Qu'est-ce qu'il peut bien pouvoir foutre avec ça ? C'est quand même pas lui qui l'a prise ? Non. Ce n'est pas possible ! Il faut que je sorte. Vite, le tableau sur le frigo. "Je suis parti faire une course. Bisous." Voilà. Ca suffira pour qu'elle ne s'inquiète pas trop. Claque. La porte.


Icare s'en va. Il court à sa voiture. Il l'ouvre, se place à l'intérieur, referme la porte derrière lui, à clef. Il respire en regardant le tableau de bord. Il met le contact. J'ai assez d'essence. Mais assez pour faire quoi ? Pourquoi j'ai regardé ? Pourquoi... Bon, avance, on verra plus tard. Icare sort de l'allée, tourne à droite et s'en va faire un tour dans le village. Il passe devant la mairie, l'école, la grange. Il sort du village. La ville s'offre à lui derrière ses verts pâturages. Il roule et se demande brièvement s'il va mettre de la musique. Tout ce qu'il y a appartient à ses enfants. Oh et puis non. C'est pas le moment d'avoir un accident en regardant dans la boîte à gants. Mon vieux, t'aurais mieux fait de regarder avant, maintenant, c'est trop tard. Les premiers immeubles. La ville. Ce n'était pas une bonne idée. Il va y avoir beaucoup de circulation et des feux rouges. Fais demi-tour. Il ressort de la ville. Les chemins de terre. Oui, ça c'est une meilleure idée. On va aller faire un tour dans les chemins de terre. Au moins, il n'y aura personne. Il s'engouffre dans le premier chemin qui s'offre à lui. Au bout de quelques kilomètres à avancer dans la terre, la boue, les cailloux, il s'arrête. Personne ne le trouvera ici. Il sort de la voiture. Referme la porte et s'arrête. Il pose la tête sur le toit de la voiture. Il pleure. Il prie l'impossibilité de ce qu'il redoute.

Icare s'en est allé. Il revient à sa voiture. Une petite ballade pour oublier cette image. Il a ramassé quelques plantes, quelques herbes. Il a trouvé des bouts de bois assez joli pour faire une canne pour sa femme. Icare est un manuel. Il se dirige d'un pas beaucoup moins lourd vers le coffre. Il paraît avoir pris du recul face à ce qu'il avait découvert dans la chambre de son fils. Il fouille dans sa poche, trouve les clefs, ouvre le coffre. Il pousse la bâche, le bidon d'essence, le sac que Sarah a encore oublié et les bouteilles d'eau dont Elisabeth a repoussé le transport jusque dans le cagibi au lendemain. Il y a de drôles de tâches dans le fond. Il ne les avait jamais remarqué. C'est comme poisseux par endroit, plus foncé et très sec à d'autres. On dirait de la peinture. Ca aurait un lien ?


Icare reçoit comme une claque. Il rentre. Il agit comme si le monde allait s'écrouler. Il se dépêche de retourner dans son foyer, de trouver Elisabeth, Hadrien, Alexandre et Sarah. Il n'avait pas pu rêver et il fallait qu'il sache. Cet homme n'est pas adepte de la politique de l'autruche. Ses garçons n'allaient pas rentrer tout de suite.


Icare a reçu une claque. Il était allé voir Elisabeth, toujours les mains dans la terre à s'occuper de son jardin. Elle s'évertuait à faire reprendre les plantes que d'anciens voisins lui avaient offertes pour la gentillesse qu'elle avait témoigner à leur égard en leur faisant part de son chagrin, du fait qu'ils déménageaient. Elles manquent d'engrais, ce doit être ça, pensait-elle en entendant les pas d'Icare fouler le sol. Il y a un problème ? Ca ne va pas ? Elle le regarde, inquiète. Me faire part de quoi ? Pourquoi ta voix tremble ? ... Comment ça, c'est peut-être rien ? Tu vas me dire ce qui se passe à la fin ? C'est Sarah ? Il lui est arrivé quelque chose ? ... Quoi ! Alexandre ? Il est à l'hôpital... D'accord, je me calme. Je t'écoute. ... Oui. ... Je vois. Ce n'est pas "tout" ce que ça me fait mais enfin tu n'es pas naïf quand même ! ... Bien sûr que cette photo est à Alexandre. ... Je suppose.
La question ne se pose pas. Le choix est fait depuis très longtemps. Il était évident qu'ils en arriveraient là. C'est juste terriblement dommage qu'elle doive se servir d'Icare pour redonner un coup de fouet à son jardin. Un peu fleur bleue, Elisabeth pensait : "Finir cette histoire à coups de pelle... J'aurai pu trouver mieux".

lundi 30 octobre 2006

Inconnu(e)

Devant son miroir, Marla se regarde et se dit que finalement, la frange, ça lui va mieux. Elle se prépare avec beaucoup d'attention car ce soir, elle va faire des envieux. Ce soir, elle va tenir un rôle qu'elle n'avait pas tenu depuis quelques mois. Ca lui avait drôlement manqué.

Marla regarde le reflet de la lampe dans ses yeux noirs. Elle inspecte son nez, s'il n'est pas marqué de trop d'imperfections. Elle admire les cils qu'elle a pris soin de séparer un à un avec son nouveau mascara. Elle corrige la couleur sur sa paupière : le noir a légèrement coulé et le rouge n'est pas assez intense à son goût. Ses lèvres. Elle fait de légères grimaces avec elles afin de trouver quelle moue va lui servir au mieux pour attirer le chacal. La longue veste noire qu'elle va mettre semble mettre en valeur son corps dissimulé sous une robe qui épouse les formes voluptueuses dont elle dispose. Ce soir, Marla se prépare comme si c'était le soir le plus important de sa vie. Son sac contient tout ce qu'il faut. Elle aura de quoi se remaquiller, de quoi se rafraîchir l'haleine, de quoi se moucher, de quoi payer ce qu'elle va consommer. Elle réajuste ses chaussures, ses cheveux, son sourire et sort de la maison.

Elle se dirige vers la voiture de son père. Elle lui a subtilisé les clefs pendant qu'il était affalé sur le canapé, probablement en train de mourir de sa cirrhose du foie, espérait-elle... Elle met le contact. Elle enfourne un cd. Elle démarre, sort de l'allée et commence à chanter. Un vieil air jazzy des années soixante-dix sur lequel An chante. An est une chanteuse que Marla apprécie parce qu'elle dégage une énergie en concert qui l'impressionne à chaque fois. A la fois victime et impériale. Marla est comme ça. Marla possède cette ambiguïté aussi. Alors elle continue à chanter. Elle passe devant la salle des fêtes de la ville, devant la maison d'Alyssa, près de la vieille ferme et sort de la ville. Elle est confiante. Elle ressemble à une grande dame. Elle a 21 ans et est persuadé qu'elle a toute la vie devant elle. Elle rêve de chansons, de films hollywoodiens, d'hommes riches, beaux et célèbres. Riches étant tout de même ce qu'elle aimerait le plus. Marla n'est pas son véritable prénom. Josie ne lui correspond pas. Marla, c'est sensuel et mystérieux. Et c'est un prénom pour une brune. Depuis qu'elle s'était mise à teindre ses boucles blondes en noir ébène, elle avait effacé toute trace de Josie. Elle repensait, tout en longeant le fleuve, dépassant la limitation de vitesse, aux premières personnes qui eurent l'honneur de l'appeler ainsi. C'était bien la première fois qu'elle remerciait son père d'avoir déménagé. Mais que pouvait-il faire d'autres ? Résider à tout jamais dans la maison où sa femme avait mis fin à ses jours ? Revoir cette scène encore et encore en rentrant dans la cuisine, la pièce qu'il avait affectionné depuis sa plus tendre enfance... Désormais, il vivait sur le canapé, à l'abri des tâches de sang ou de sauce tomate. L'alcool le conserverait mieux qu'un rôti de porc, se convainquait-il. Peu importe, Marla avait pu s'enfuir de ce trou à rat et elle en était ravie.

De l'ambition, elle en avait. Elle arrive à la vieille ville. L'architecture y est plaisante. Elle peut jouer son personnage à fond. Marla la belle, celle qui ne craint rien. La prédatrice, comme cette magnifique femme dans le film qu'elle avait vu il y a trois ans. Oui, Marla est une femme fatale. Elle va garer sa voiture un peu plus loin que sa destination. Elle prend soin de vérifier sa coiffure, sa nouvelle frange, cette mèche qui va mettre son regard en valeur. Puis elle descend. Le café-concert n'est pas loin. Elle se dirige en pensant à sa démarche, minutieusement calculée, chronométrée presque, mais dansante. Parce qu'il faut qu'on la remarque d'un regard. Il est absolument vital qu'en rentrant elle donne l'impression de posséder l'endroit. Elle l'a bien retenu. Et c'est comme ça que la suite est joué d'avance. Marla ne bouge pas la tête, elle avance, ne bouge que son regard. Celui-ci donne de l'espoir aux hommes qui la regardent. Il s'arrêtera sur sa future conquête. Marla est venue ce soir en tant que chasseuse, non en tant que chassée. Et son air impérial ne dément pas ses intentions. Elle s'assoit au bar. Elle commande, en n'omettant pas de faire de l'oeil correctement au serveur qui se trouve être dans la même faculté qu'elle. Elle espère qu'il sera le seul ce soir à savoir qu'elle n'est pas une vraie lady. Elle inspecte son verre, repose son sac près de ses pieds et attend. Elle regarde dans le miroir qui se trouve non loin d'elle. Le groupe qui joue ce soir n'est pas très connu. C'est un groupe qui vient de loin pour se faire connaître. The Phoenix. C'est joli comme nom, tiens.

Un jeune homme vient s'asseoir à ses côtés. Il commande, il a le regard dans le vide. Préoccupé, les pensées vagabondantes, il ne prête pas attention à ce qui se passe autour de lui. Il boit son verre, petit à petit. Il se sent seul mais ne veut pas de charité. Son monde ne se limite plus qu'à ce qui est à la portée de son nez. Il n'a envie de rien. Il souffle comme si le monde allait à sa perte, que tout espoir n'existait plus en lui. Il semble triste, fait des moues d'enfants avec ses lèvres, remue son verre comme s'il n'était pas à peine entamé, mais bel et bien presque vide. Il fronce les sourcils, semble réfléchir à s'en torturer.

Marla l'observe et se prend d'amitié pour lui. Peut-être qu'elle n'est pas là pour traquer ce soir. Sa foi dans le Destin la pousse à croire que s'il s'est assis là, ce n'est pas par hasard, que si elle est sortie pour venir ici, si cette pulsion l'avait amené à côté de cet homme, ce n'était pas sans raison. Cette foi presque déraisonnée qui explique tout.

Elle se pince les lèvres, réfléchit et puis merde ! Elle s'approche, tente d'entamer la conversation de manière banale.

- Salut !
- Salut.
- Tu viens souvent ?
- J'sais pas.
- Ca va pas ? Tu veux que je te laisse tranquille ?
- J'sais pas.
- Me voilà bien avancée...
- Désolé, j'ai pas vraiment la tête à jouer le jeu de la drague habituelle.
- Ca se voit.
- En plus, toi, visiblement, t'es venue pour chasser du gros gibier... J'vois même pas pourquoi tu te fais chier à vouloir faire du social avec un mec qui ne croit désormais plus qu'en son verre.
- Chasser du gros gibier ?
- En plus, t'es nombriliste.
- Tu cherches à me faire fuir ?
- A toi de voir. Tu fais comme tu veux.

Ils restent côte à côté à boire sans parler. Il regarde parfois si elle allait partir et elle, elle regarde s'il a bientôt fini son verre. Elle espère qu'il va rester toute la nuit. Il a l'air intelligent. En tous cas plus qu'elle. Les hommes plus futés qu'elle la fascinent. Lorsqu'elle était enfant, des psychiatres lui avaient dit qu'elle avait un quotient intellectuel élevé. En conséquence, très peu de personnes ne pouvaient l'égaler ou la surpasser, pensait-elle. Elle avait eu tort bien des fois mais jamais ça n'avait ébranlé ce dont elle s'était persuadée.

Pendant trois heures, ils ont joué à celui qui finira son verre le dernier. Finalement, c'est lui qui lâche prise. Il avale la dernière gorgée. Prend ses affaires, se lève, la regarde avec un air de mépris, marche vers la sortie mais prend le temps de dire "Alors tu viens ?".

Pas le temps de réfléchir s'il le faut ou pas. Elle prend ses affaires, ne semble même pas surprise de répondre sans se rebeller, le suit. Il la prend par la main et la mène jusqu'à sa voiture. Il la prie de monter. Il fait de même, démarre, sort du parking et fonce sur la route à toute allure comme si la vie d'un proche en dépendait. Il l'emmène dans une grange. Une grange bien spéciale. Le trajet se passe sans un bruit ni de l'un, ni de l'autre. Comme au bar, ils ne parlent pas. Ils arrivent, descendent, marchent jusqu'à la grande porte en bois. Hadrien la pousse et montre l'endroit, très pittoresque, à Marla. C'est très campagnard. Ils ont roulé longtemps mais ça méritait le détour. Hadrien la saisit par le cou, l'embrasse fougueusement. Hadrien se laisse aller, pour une fois. Il ne veut pas de ces soirées sanglantes où il faut travailler après s'être amusé. Là, il veut trouver le plaisir sans faire de ménage, sans trouver un endroit secret, sans réfléchir à l'alibi, aux preuves, à tout ce qui est pourtant amusant pour lui. Pour une fois, il veut s'amuser. Il veut vivre sans calculer.

Marla se laisse prendre au jeu. Elle l'a suivi, elle ne sait pas où elle est, sauf dans ses bras. Il est mystérieux, il est beau et dieu qu'il embrasse bien ! Elle se laisse coucher dans la paille, se laisse prendre par la fougue du moment. Sa robe est déchirée. La frange n'est plus en place mais on s'en fout. On s'en fout. Le plus important, c'est qu'ils vivent le moment.

Hadrien a fait l'amour pour la première fois de sa vie sans avoir rien calculé. Il ne connaît pas le prénom de cette jeune femme allongée à côté de lui. Il ne connaît pas sa famille, ne connaît pas ses amis, ne sait rien d'elle. Et ça fait du bien.

mardi 10 octobre 2006

Thanatos pour deux

A 16 ans, je me suis faite tabasser. C'était un mec vexé. Il m'avait fait des avances à une fête. Enfin c'était la première fois. Par la suite, il a continué. Ca avait viré à l'obsession. Apparemment, c'était moi et rien d'autre. Il se postait à la sortie de mes salles de cours pour me demander si on pouvait se voir le soir. A chaque fois, j'essayais de décliner gentiment. A chaque fois, il revenait. C'était épuisant. J'en ai parlé à Hadrien en lui faisant promettre de ne pas en parler à Alexandre. Alex aurait pu le tuer juste pour avoir posé les yeux sur moi. Hadrien a un peu plus de jugeote. Attention, je dis pas que je trouve Alex stupide mais disons que des fois il est très impulsif. Je voulais régler cette histoire toute seule donc j'en ai juste parlé à Hadrien pour qu'il me donne des conseils ou qu'il sache où trouver un responsable au cas où il m'arriverait quelque chose.
Le mec a pas arrêté de me coller. Il se foutait à la table derrière moi quand je mangeais, il me suivait quand je rentrais chez moi. Et à chaque fois, soit il me surveillait, soit il venait pour discuter, pour me demander si le soir j'étais libre. Au bout de trois semaines, j'en ai eu marre. Je l'ai envoyé chier en lui disant qu'il n'était pas pour moi, que je n'étais pas pour lui, qu'il ne fallait pas qu'il perde son temps avec moi et qu'il fallait qu'il me fiche la paix parce que j'avais l'impression d'être harcelée. Il a prétexté qu'il fallait absolument qu'il m'ait, que l'on soit ensemble. Je sais même pas s'il se rendait compte à quel point il était dérangé !
Ce connard s'est pointé à une fête où il n'était même pas invité. On était chez Alyssa. Elle a une grande baraque. Enfin voilà quoi, c'était une fiesta sympa entre potes du lycée qui avait eux-même ramené des gens mais on savait qui devait venir et lui n'était pas prévu au programme. Je l'ai vu arriver dans la cuisine. J'y étais avec un mec qui me plaisait à l'époque. Y'avait un pote à lui et tous les trois on discutait. Il s'est pointé, a voulu s'incruster dans la conversation. J'ai prétexté que je devais retrouver Alyssa dans le jardin pour me casser et le laisser avec les deux autres mecs. Même s'il y avait ce mec mignon, c'était pas une raison pour supporter la présence de ce taré. Je me suis donc éclipsée. J'étais dans les escaliers pour rejoindre la salle de jeux du frère d'Alyssa où il y avait les manteaux et les sacs pour récupérer mes affaires et me tirer aussi discrètement que possible. J'ai vu qu'il était derrière le mur du couloir et qu'il me regardait monter. Il n'y avait que deux personnes, qui étaient occupés dans la chambre des parents, à l'étage. J'ai chopé mes affaires aussi vite que possible pour pouvoir redescendre en vitesse mais il était là. Il était monté. Il me regardait avec un air malsain. Et il s'est jeté sur moi. Il a voulu me forcer à lui céder. J'ai pu me dégager en lui foutant un coup sur la tête avec la grande lampe à côté du meuble à jeux vidéos. Je lui ai dit qu'il allait le regretter et je suis partie.
J'ai raconté à Hadrien ce qui s'était passé. Il m'a dit que probablement il n'en resterait pas là. Je pensais qu'il allait avoir peur que je raconte cette histoire aux flics, qu'il allait me foutre la paix. Hadrien voulait qu'on en parle à Alexandre.
Le lendemain, à la sortie des cours, il était là. Il me regardait m'éloigner du lycée à pied. J'ai cru qu'il ne m'avait pas suivi. Sur quelques mètres, je pensais être seule mais il m'a attrapé par le cou et le bras, il m'a tirée jusque dans le fossé et il m'a cognée en me traitant de sorcière. Il hurlait qu'il était impuissant que c'était ma faute. Ma faute à moi saleté de sorcière. Je l'avais envoûté, moi, la connasse, adoratrice de Satan. Il ne pouvait plus bander et j'allais crever.
J'ai cru que j'allais mourir mais il m'a laissée tranquille. Je pouvais encore marcher mais j'ai préféré ne pas bouger, attendre qu'il soit suffisamment loin, appeler Hadrien qu'il vienne me chercher.
On a été à l'hôpital. On m'a soignée. J'ai porté plainte. Maman était calme. Elle disait que j'étais vivante et que j'irai mieux, que c'était le plus important. Papa pleurait de rage. Il hurlait aux policiers qu'il fallait le coincer. Qu'il fallait le foutre en taule. Alexandre me regardait l'air grave. Il a chopé Hadrien et ils se sont disputés. Je crois qu'il reprochait à Hadrien de ne lui avoir rien dit. Papa hurlait et mes frères se disputaient. Maman était sereine. Sa fille venait de se faire tabasser dans un fossé mais elle disait que tout irait bien. J'avais une envie de vengeance. Les flics ont dit qu'ils avaient envoyé une patrouille pour l'interpeler.
Les flics ne l'ont pas trouvé. Les flics ne l'ont jamais retrouvé. D'abord parce que ce fils de pute savait bien qu'il allait les avoir au cul. Il s'était planqué. Ensuite parce que mes frères, partis se disputer, ne sont revenus à mon chevet que quelques heures plus tard en m'annonçant que j'étais libre. Enfin parce que la chaux, ça attaque bien et que les porcs de l'élevage à la sortie du village où ce connard habite ont eu à bouffer. J'avais entendu dire qu'ils aimaient les os. Bah j'peux vous dire que c'est vrai.

lundi 18 septembre 2006

Orgasme de choix

C'est la rentrée des classes. Alexandre et Hadrien vont à l'université, comme l'an passé. Le stress du premier jour, ce n'est plus pour eux. Ils ont rendez-vous avec leurs copains à la cafétéria. Hadrien reste, comme à son habitude en retrait parce que, même s'il a des affinités avec eux, il n'arrive pas à s'intégrer et à faire semblant d'être comme eux. Chose qu'Alexandre maîtrise parfaitement.
A ce propos, Alexandre s'est constitué une bande plus fermée, une bande d'"intimes" à qui il raconte ses frasques sexuelles avec Isabella, Linda ou encore Julie,... Parfois, il ne se rappelle même plus les prénoms. Toujours est-il que les histoires de cul intéressent les camarades d'Alexandre.

- La dernière que j'ai fréquentée, c'était une vraie tigresse !
- C'est qui ?
- On la connaît ?
- Ouais, elle est dans notre promo. C'est la nana qui traîne avec Catherine et Ambre.
- J'vois pas.
- Celle qui chante dans un groupe de métaleux. Celle qui s'habille en fausse goth new age.
- Hein ?
- Christine ?
- Ouais.
- Ah ! C'est celle qui tourne dans les vidéos des deux tarés en Arts du Spectacle ?
- Ouais.
- Et donc ?
- Donc c'est une vraie tigresse. La nana déjà, elle annonce qu'elle est pas conventionnelle. J'me disais que tu vois c'était comme ces fausses rebelles qui trouvent hardcore de faire ça la lumière allumée mais putain, même pas !
- Genre ?
- Genre déjà, j'ai été surpris quand elle m'a laissée la lui foutre dans l'cul tu vois.
- Comme ça ? Et elle était pas bourrée ?
- Non, c'est son truc. Elle aime qu'on la prenne par derrière. Et vas-y que si j'y allais mollo je me faisais limite engueuler comme de la merde !
- Sérieux ?
- Mais ouais ! Enfin y'a pas que ça.
- Bah quoi ? Elle a des sextoys ?
- Ouais mais c'est pas ça le plus marrant. Le truc, c'est qu'elle jouit pas si je l'étrangle pas.
- Tu te fous d'not' gueule ?!?
- Non.
- Mais tu fais comment ? Enfin je veux dire, tu lui sers le cou jusqu'à ce qu'elle respire plus ?
- Ouais ! Je l'étrangle, et quand elle devient toute rouge, elle vient. La première fois, j'suis resté con quand elle m'a dit de lui faire ça. J'm'y attendais pas.
- Putain, tu m'étonnes que ça doit te changer des p'tites connes qu'on saute au bahut !
- Exactement. Et pis j'ai pas intérêt à me relâcher ! C'est un vrai taf ! Limite, je bosse plus qu'une star du porno !
- Ah ah ah !
- Ah ah ah !
- Bah attends ! Faut que je la saute, que je lui bourrine le fion, que je l'étrangle, que je me concentre sur ma queue tout en faisant gaffe de pas la tuer tu vois ! Parce que ça arrive vite ce genre de conneries ! Et j'ai pas envie de me retrouver à baiser un cadavre !
- Oh putain ouais !
- Bah ouais !
- Et tu crois que c'est pareil pour les mecs ?
- De quoi ?
- Du fait qu'on jouit en s'étranglant ?
- Bah je sais pas, t'as qu'à le faire en te branlant et tu nous raconteras !
- Ah ah ah !
- Ah ah ah ! T'es con !
- Ah ah ah !
- Bah je pensais que peut-être, je pouvais en parler à ma copine...
- Cathy ? Ouais, tu vois ça m'étonnerait. Le seul vice qu'elle doit avoir c'est d'être une sacrée fouteuse de merde mais c'est tout.
- Ta gueule !
- Bah admets !
- ...
- Mais au pire, tu peux voir avec une pute ou bien avec une des chaudasses de la fac... ou je te refile Christine... Encore que...
- Quoi ? T'as peur que je lui fasse plus plaisir que toi ?
- Oulà, j'en doute gamin ! J'ai une réputation, et elle est pas basée sur des rumeurs infondées !
- Ouais ! Ah ah ah !!!

Deux semaines après cette conversation, comme l'avait prévu Alexandre, Franck avait succombé à son envie d'essayer. Il n'y eut pas d'autres conversations entre les trois copains. Juste le téléphone qui sonne, une annonce, des larmes et un enterrement. La curiosité n'est pas qu'un vilain défaut, c'est aussi un luxe qu'on a du mal à rembourser.

Une jeune femme avait masturbé Franck. Il s'était attaché une corde autour du cou. Une corde attachée en hauteur, fixée au plafond de la grange familiale de ses parents. La campagne est un endroit magnifique. Outre les mottes de pailles, on y trouve toutes sortes de choses pour réaliser ses fantasmes sexuels. Franck avait joui entre les mains de sa complice. Il n'avait simplement pas pensé que debout, il aurait du mal à se remettre sur la pointe des pieds pour se libérer. Il n'avait simplement pas pensé que le temps que cette jeune femme finisse de s'essuyer les mains, elle l'aurait oublié depuis trop longtemps au bout de sa corde. Il n'avait simplement pas pensé qu'il aurait pu trouver mieux que la soeur de son meilleur ami.

mardi 12 septembre 2006

Impératrice rouge

Extrait du carnet d'un sadique :

9 septembre :
J'ai suivi cette femme que j'ai vu dans le café la semaine dernière. Elle est revenue comme tous les soirs depuis lors. Elle est toujours habillée de la même manière. On croirait à une entité magique. Il y a quelque chose d'étrange chez cette femme. Elle dégage un parfum de mystère démoniaque.
Elle est brune. Elle a les cheveux longs. Elle a le teint extrêmement pâle. Elle a les yeux presque bridé la nuit. Le jour par contre, elle ressemble à une européenne. Elle a des yeux d'un noir presque monstrueux. Elle a des lèvres si pulpeuses que ça attirerait n'importe quel homme normalement constitué. Elle y dépose toujours un rouge à lèvre très rouge. Incroyablement rouge. Elle porte une jupe noire. Des collants noirs. Des bottines rouges. Et elle a un manteau rouge. Avec une capuche.
Je l'imagine petit chaperon rouge et moi grand méchant loup lui courant après.
Je l'imagine dans ma voiture, à l'arrière, allongée.
Je l'imagine étendue dans les bois avec moi à l'intérieur de son corps.
Aujourd'hui, je l'ai abordé. C'est pour ça que je note enfin sa description dans ce journal. J'ai été lui parler. Lui demander ce qu'elle faisait dans la vie. Des trucs bateau. Elle a répondu avec une telle froideur. C'est bizarre de dire ça mais elle avait quelque chose de naïf mais de dangereux dans le regard. Comme si elle était un appât. Mon dieu, j'aimerai être le poisson qui l'avalera.

10 septembre :
Elle était encore là. Elle a accepté de prendre un café avec moi sous la forme d'un vrai rendez-vous. J'étais très excité. J'ai attendu longtemps. J'avais hâte de pouvoir écrire ça. On a discuté longtemps. Elle était immobile. Et parfois, je n'ai pas compris, mais elle riait. Je me suis senti comme une de mes victimes. Et bizarrement, je pensais que si ça devait m'arriver, ça m'énerverait mais au contraire, elle, elle m'intrigue. J'aimerai l'amener dans mon refuge. Non, en fait, j'aimerai voir à quoi ressemble son refuge. J'aimerai voir où elle vit. J'aimerai voir sa chambre. Je l'imagine aussi dégueulasse que moi. Avec des chaînes au lit, des menottes dans les tiroirs. J'aimerai qu'elle ait du poison dans sa cuisine. J'aimerai que sa chambre soit rouge, noire et blanche, comme des vêtements. J'aimerai qu'elle soit une impératrice glaciale mais pas frigide. J'aimerai qu'elle devienne ma complice. Elle et moi dans une grande ferme qu'on retaperait ensemble, où on amènerait nos jeux, où on se filmerait, où on baiserait comme des dieux. J'ai rendez-vous demain.

11 septembre :
Je suis chez elle. Elle m'a montré une pièce où elle dit enfermer des gens. C'est jouissif. Putain elle est parfaite. C'est une créature parfaite ! Mon impératrice rouge. Elle veut que je reste chez elle. Il est 23h et je vais dormir dans sa cave. Elle ne m'a pas enfermée. Elle voulait juste que je la teste. Elle vient d'installer des dispositifs de torture dans l'arrière salle de cette cave mais c'est fermé à clef. Elle me montrera demain. J'ai hâte. Elle m'a dit qu'elle m'attendait. J'aime cette idée que nous étions destiné à nous rencontrer. Comme des âmes soeurs. J'aimerai qu'elle me dise de m'installer chez elle. Je pense que c'est faisable, elle m'a dit avoir eu comme un coup de foudre pour moi. C'est dingue mais j'adore ça. Cette fille est encore plus dérangée que moi. Elle se couche avec son maquillage. Son pyjama est rouge sang, comme si elle l'avait teint avec du vrai. Elle aime aussi l'idée que j'écrive tout dans ce carnet. Elle est parfaite.

12 septembre :
Elle est formidable. Je suis en train d'écrire ces lignes pendant qu'elle me torture. Elle veut que je note tout. Elle commence par m'arracher les tétons. Elle a une pince, une longue pince qui me fait mal. C'est énorme. Je ne sais même pas comment elle s'appelle ! Elle a un fer pour marquer le bétail. J'aimerai qu'elle s'en serve sur moi. J'ai déjà marqué mes petites filles mais je n'ai jamais été traité comme ça.
Là, elle me fouette avec un fouet. C'est pour ça que j'ai une écriture quasiment illisible. Il faudra que je garde la page d'à côté pour réécrire ce que je note. Putain de merde, ça fait mal ! J'adore ça. Elle m'a attaché les pieds. Elle ne peut pas lier mes mains. Je dois écrire et tenir mon carnet.
Elle m'a installé à une table. J'écris dessus. Elle me scarifie le dos. Elle dessine sur ma peau. Ce sont sûrement des dessins mystiques, comme ceux affichés dans sa chambre. Elle me découpe des bouts de peau. Elle les met dans l'assiette qu'il y a sur la table en face de moi. c'est génial cette couleur ! Elle les prend en photo dans l'assiette. Au fur et à mesure qu'elle me les arrache. Elle fait ça avec un professionnalisme. Elle n'a aucune expression sur le visage. Comme si elle exécutait telle une poupée le scénario qu'un esprit aurait écrit pour elle. Je suis fascinée.
Elle m'a mis debout. Il y a une table suffisamment haute pour que je continue à écrire. Elle a pensé à tout. J'ai les pieds en sang. Elle m'a arraché les ongles des orteils. Elle les a fait brûler dans un verre. Le bruit... Ca crépitait. C'était rigolo. Oui, rigolo était le mot. Ca crépitait et c'était rigolo. Le verre a explosé sous l'effet de la chaleur. Elle est en train de m'ouvrir les testicules. Elle voudrait voir l'intérieur. Elle coupe et photographie. Je lui ai dit que la douleur commençait à m'empêcher d'écrire mais elle avait de l'héroïne. Elle avait pensé à tout. Désormais, ça va mieux. J'adore ce qu'elle fait. C'est une artiste. Elle a enlevé ce qu'il y avait dedans et a mis le contenu dans un bol. Elle a tout posé sur la table. Je suis nu. Et je me sens bien.
Ma langue se trouve désormais dans l'assiette avec les morceaux de mon dos. Elle a pris son temps. Elle avait anesthésié localement pour que je ne m'évanouisse pas. Ca fait très bizarre de ne plus bouger la langue. Je la sens encore mais comme si elle était engourdie. Pourtant, elle est à quelques mètres de moi. Je trouve ça beaucoup plus beau dans une bouche que dans une assiette. J'essaie de ne pas penser que c'est la mienne, sinon j'aurai honte d'avoir une langue qui ressemble à celle d'un veau.
Il fallait qu'elle essaie cet objet. C'est délicat à décrire. C'est comme un bâton avec des pics qui sont orientés dans un sens, de manière à ce que lorsqu'elle me l'enfoncera , si on tente de le sortir, ça m'arrachera l'intérieur. Ce bâton est petit mais les pointes ont l'air douloureuses. Nous allons de plus en plus loin. Ca y est, c'est dedans.
Elle veut m'ouvrir la poitrine pour récupérer des organes. Voir quand je peux y laisser la vie. Cette fille est tout bonnement incroyable. C'est une déesse. Elle m'ouvre avec un scalpel. Je suis anesthésié, toujours et elle m'a encore injectée une dose de je ne sais pas trop quoi. Elle semble savoir ce qu'elle fait. C'est dingue, elle est vraiment douée ! J'écris de plus en plus mal. Je ne vois pas ce que j'écris. Oh mon dieu, je vois mon

dimanche 10 septembre 2006

La fièvre du samedi soir

- Hadrien... T'as vu la nana là-bas qui me regarde ?
- La rousse ?
- Ouais, répondit-il avec un sourire sournois et satisfait.
- J'crois que tu ferais bien d'aller la voir. Y'a moyen que tu passes une bonne soirée.
- Sarah, elle est où ?
- Là-bas avec son "musicien".
- Ok. Bon, surveille la, j'l'aime pas trop c'connard.
- Ah ! ah ! ah ! Alex, t'arrêtes tes conneries deux minutes ? Sarah elle est grande ! J'serai toi, je me ferai plutôt du souci pour son gars !
- Mouais... Enfin bon, j'vais aller voir si cette petite minette veut venir rigoler avec moi.
- A dans deux heures alors ?
- Deux heures ? Tu rigoles ? J'ai lu un truc dans un des bouquins que j'ai emprunté à la nana que j'ai "vu" la semaine dernière
- Un bouquin sur quoi ?
- Tu sais, sur le cul, tout ça !
- Mais tu vas faire l'homme normal ?
- On verra. Déjà j'vais voir si elle s'intéresse à moi et si c'est le cas, on verra.
- ...
- Plus je la regarde et plus j'ai envie de la bouffer.
- Tu me raconteras ?
- Si j'fais rien d'exceptionnel, j'aurai rien à raconter.
- Ouais, et sinon, tu m'appelles ?
- Ah ! ah ! ah ! Ouais ! Allez, à tout à l'heure !

Alexandre s'approche de cette fameuse rousse sous le regard amusé de son frère. Sarah remarque qu'il s'éloigne d'Hadrien. Elle prie son ami de la suivre jusqu'à Hadrien.

- Il va où Alex ?
- Il va draguer, continue de rire Hadrien.
- Tiens au fait, je te présente Sébastien. Il est musicien.
- Salut.
- Salut.
- Tu connais ma soeur depuis longtemps ?
- A peu près six mois.
- C'est marrant qu'elle nous ait parlé de toi qu'y'a que deux semaines, hein ? en regardant sa soeur,
- Ouais ouais plein ouais. Dis ! Au lieu de dire des conneries, tu vas nous chercher à boire ?
- Ok, j'ai compris. Tu me gicles pour que je t'intimide pas ? Ah ah ah !
- Ouais, c'est ça... t'es si perspicace !

Sur ce, Hadrien s'éloigne en rigolant. Il se doute que faire passer sa soeur pour une nana lambda aux yeux de l'imprudent, c'est ce qu'elle attendait. Une saleté de manipulatrice qu'elle est ! Il se dirige vers le bar... Il se sert un verre et part accoster la jolie blonde qui tente d'attirer son attention depuis qu'il est arrivé. Comme s'il ne l'avait pas remarquée...

"Toi, ma p'tite, tu vas pas finir la soirée."

"Toi, beau brun, j'vais te faire hurler toute la nuit."

- Salut. Hadrien.
- Enchantée. Moi c'est Ezra.
- Tiens, c'est charmant !
- Ce n'est pas très courant je sais, sourit-elle.
- En effet. Dis moi, qu'est-ce que je dois attendre d'une jolie fille comme toi qui me dévore du regard depuis plus d'une heure ?
- Euh... rougit-elle,
- Si tu crois que je ne t'ai pas remarqué ? J'ai peut-être l'air con mais j'suis pas naïf.
- J'vois ça !
- Alors ?
- Disons que j'esperai savoir qui se cachait sous ces fringues si classes, tu vois ? Savoir comment tu t'appelles, d'où tu es, ce que tu aimes dans la vie ? Ce que...
- Ca t'interesse vraiment ou c'est juste pour meubler et m'attirer je ne sais où ?
- Tu crois que je suis une fille facile ?
- Si tu m'dis ça tout en souriant, j'sais pas trop quoi penser.
- Ah ! Ah ! Ah !
- En plus elle a un rire merveilleux... Tu m'intrigues Ezra !
- On se casse ?
- Comme tu veux... Moi je te suis. Tu as une idée de là où tu veux m'emmener ?
- Tu verras ! J'vais te montrer que les blondes à l'allure de Marie-couche-toi-là peuvent surprendre !
- J'ai jamais pensé ça d'toi chérie. mais avant, j'vais voir ma soeur pour lui filer les clefs de la caisse.
- Ca marche.

Tout en retenant son sourire conquis, il se dirigeait vers Sarah, toujours en train d'embobiner son cavalier.

- Sarah ? J'me casse. J'me suis fait draguer par la blonde là-bas.
- Ok. Et tu rentres comment ?
- Avec sa caisse quand j'en ai fini avec elle.
- Tu veux dire qu'elle va te raccompagner, demande Sébastien.
- Euh, ouais. Tiens, j'suis venue te filer les clefs. Tu rentres pas trop tard ?
- Comme vous deux.
- Bon, alors à demain pour le petit déj' !
- Bonne chasse.

Elle regardait Hadrien s'éloigner après un clin d'oeil qui signifiait beaucoup plus qu'une simple soirée conventionnelle avec Ezra, la désormais oubliée.

- Dis moi Seb, on fait quoi là ?
- Bah on discute pourquoi ?
- Ecoute, je sais pas toi mais ça fait pas mal de temps qu'on se connaît et je voudrais savoir combien de temps encore tu vas me faire le numéro du mec pas intéressé.
- Quoi ?
- Si tu arrêtes de me prendre pour une pauvre petite fille et que tu m'emmenais chez toi pour qu'on passe aux choses sérieuses ?

Surpris mais concentré à ne pas se laisser submerger par sa trique soudaine, il saisit Sarah par le bras, l'emmenant jusqu'au parking.

- Prends ta caisse, je prends la mienne, je te suis. On va chez toi ?
- Ouais.
- Ok, alors je te suis, play-boy.

Sarah entrait dans sa voiture, mettait le contact, allumait son autoradio qu'elle mit à fond. Elle réfléchissait au meilleur moyen pour passer une bonne soirée avec son nouveau jouet. Allait-elle l'attacher ? Au lit ou sur une chaise ? Allait-elle le ballonner ou le laisser hurler ? Comment pouvait être son appartement ? Avait-il une salle de bain avec une baignoire ? La salle de bain serait-elle suffisamment grande ? Arriverait-elle à exploiter tout le potentiel de l'endroit ? Elle faisait confiance en son instinct. Elle cherchait juste le moyen de jouir pleinement de ce jeune homme. Elle n'avait jamais abusé d'un musicien. Il avait probablement une guitare chez lui. Elle sourit.

Sébastien, dans sa voiture, se remerciait d'avoir pensé à acheter des préservatifs dans l'après-midi. Il se demandait si elle allait prendre tout en main, petite cochonne qu'elle avait l'air. Il se mit à chanter dans sa voiture pour se calmer, penser à autre chose. Il se demandait s'il avait du lait, du café ou du thé pour le petit déjeuner car oui, il espérait bien qu'elle resterait jusqu'au petit matin. Sur la route, il aperçut Alexandre sur le trottoir, avec sa conquête. Il se remit à penser à son amie qui le suivait.

Alexandre, saoul mais toujours lucide de ses actes s'apprêtait à emmener la jolie rousse jusqu'à une ferme qui appartenait encore plus ou moins à la famille de sa mère. Cette ferme ne se trouvait pas très loin de la ville et pour y aller, il connaissait un raccourci à travers les lotissements. Bientôt, le lit allait resservir. Les crochets de la grange allaient retrouver la couleur du temps où ils étaient utilisés. Les bassins allaient redécouvrir le toucher d'un liquide qu'Alexandre trouvait sensuel. Il allait retoucher à ce qu'il qualifiait de "dessert des dieux". Le chemin n'était pas éclairé, personne ne pouvait voir qui l'empruntait. Très peu de monde connaissait d'ailleurs ce chemin. Probablement que ces personnes étaient décédées ou séniles à l'heure où Alexandre et Myna foulaient la terre menant vers le début de leur véritable soirée.

Pendant ce temps, l'aîné se trouvait dans la voiture d'Ezra. Il pensait à ce qu'il avait à faire cette semaine. Hadrien n'est pas du genre à jouir d'avance d'une situation future. Il préfère anticiper les désastres, les fuites, les camouflages plutôt que les véritables instants de bonheur. Il n'aimait pas être déçu. Ce soir qui plus est, il ne voulait rien planifier. Il voulait voir quel effet ça pouvait faire d'être utilisé, manipulé par quelqu'un. Il allait la laisser tout prendre en main. La surprise qui l'attendait serait probablement plus intense que ce qu'il avait déjà goûté. Ezra ne s'imaginait pas qu'elle serait vaccinée à vie de ces rencontres subites. Tiens, "vacciné à vie", voilà qu'elle est terriblement amusante cette expression !

lundi 28 août 2006

Justice féminine

Intéressant ce bar. Il y a toutes ces filles. Si innocentes… Jamais je ne pourrai me lasser de l’odeur de leurs chattes bien fraîches. Jamais. Un pervers ? Moi ? Mais non, c’est juste l’instinct animal qui ressurgit Darling. Un délice : au fur et à mesure que j’avance, je vois mes proies de plus en plus nombreuses. J’hésite. Laquelle choisir. C’est délicat. Il y a des paumées qui me font bander de partout. Comment toutes les satisfaire ensemble ? Il est difficile de n’être qu’un homme. Je ris. Tiens. Cette jeune demoiselle à la larme encore humide au coin de l’œil. Quel personnage endosser pour la réconforter ? Et si j’étais ce dandy naïvement amoureux de toute femme, au passé sombre et torturé ? Ca marche à tous les coups, oui. Je la salue, et lui passe un mouchoir. Elle sent probablement l’intérêt que j’ai pour elle. Enfin pour elle... Ce corps est si petit, si fragile. Je l’étreindrais bien de mes couilles. Elle se laisse avoir facilement. J’adore ce genre de proie. Facile mais difficile à négocier. Les cérébrales, c’est mon jeu préféré. La chasse… Peut-être pour ça que les nymphomanes ne me font aucun effet. Je ris encore. Je l’emmène ma nouvelle compagne d’un soir. Elle sera mienne cette nuit, il le faut. Elle renifle le sexe à des kilomètres. Je veux me mettre en dedans. Sentir sa chair contre la mienne, goûter avec sa langue, que mon pénis goûte à ses lèvres. Elle s’assoit sur le lit. Comme prévu. C’est d’un typique. Mais au moins, je sais que mon plan se déroule bien. Au bout d’une demi-heure que son chagrin me pèse, caché derrière toutes mes réserves de patience, j’arrive enfin à l’allonger. Elle a des seins magnifiques. J’en mangerai. Je la déshabille et elle se laisse faire. Toujours avec son air faussement pudique et naïf. Oh ce que j’aime quand elles font semblant d’être naïve et qu’après ce sont de vraies chiennes. Surtout le moment où elles se décident à assumer leur instinct bestial. Je respire discrètement sa culotte. Je vais la manger cette pute. Elle prend plaisir à ce que je me serve en dessert de ce qu’elle mouille entre ses jambes. Elles les écartent d’elle-même encore et encore ses cuisses bronzées juste ce qu’il faut. Je bande tellement dur que j’ai la bite qui va se briser. Il faut absolument que je me la fasse. Je remonte lorsqu’elle a joui. Et en gueulant en plus qu’elle jouit. J’aime quand elles braillent. Elles hurlent comme si rien n’était mieux au monde. Probablement que c’est le cas. Oh nom de dieu, ce que c’est bon. Elle est chaude à l’intérieur. Chaude et tellement excitée qu’on pourrait y mettre n’importe quoi, ça s’enfoncerait tout seul. La garce ! Elle m’attrape par les cheveux ! J’adore les sauvageonnes. Je suis vraiment tombé sur un gros coup. Je ne regrette pas. Je pense à l’odeur de sa culotte. Je renifle mes doigts pendant que je la baise. Je lui mords le cou. Elle me griffe le dos. Féline en plus. Putain, elle est tellement bonne que je vais jouir tout de suite. Je sens mon foutre se mêler à sa liqueur vaginale. Putain ce qu’elle est bonne cette conne ! J’ouvre les yeux, faut que je la regarde une dernière fois avant de partir. J’vais pas rester mille ans non plus.

Qu’est-ce que ce couteau fait dans ma poitrine ?

Musique, Amour et Violence

Elle s’était décidée à aller à ce concert. Ce sont ses amis qui jouent. Son meilleur ami et le reste de la bande. Elle scrute l’endroit, cherche des gens qu’elle connaît mais ne trouve pas grand monde d’intéressant. Ils ont déjà commencé à jouer mais le meilleur reste à venir. Elle se mêle à la foule. Beaucoup de gens sont venus pour les voir jouer. Son ami se déchaîne à la guitare. Elle est vraiment fière d’eux. Elle sait qu’elle est toute seule et cette solitude la pèse mais malgré tout elle ressent comme une énergie qui la transporte. Elle se sent comme portée par quelque chose de magique. Un moment fort du concert. Elle décide de faire un petit slam, portée par des inconnus, ressentir la moindre vibration de chaleur de leurs mains sur son corps, transportée et comme acclamée. La musique est calme pendant qu’elle est en l’air. Ils n’osent pas la redescendre cette petite princesse mystique, habillée étrangement. Probablement qu’ils ressentent son calme. Ce qu’elle ne savait pas c’est que dans la foule, il y a un jeune homme. Un jeune homme fasciné par sa présence et par son aura. Il se sent connecté à elle alors qu’il ne connaît pas son prénom. Il tente de se diriger vers elle. Il veut la toucher aussi. La divinité entre à portée de main. Elle passe au-dessus de lui. C’est le moment. Un larsen. Voilà le moment qu’il attendait. Elle se vide de son essence, elle badigeonne tout le monde. Le groupe voit tout en rouge ce soir-là. L’amie de Ben est dans les bras de deux jeunes hommes. Des punks de 21 ans qui ne comprennent pas ce qui s’est passé, qui l’ont fait redescendre et l’ont recueilli. La musique s’arrête. Elle s’est éteinte pendant son couplet préféré, dans les bras d’un public qui aime ces mélodies qui l’ont inspiré à aimer Ben en secret. Elle s’en est allée avec son cœur brisé de l’avoir vu la semaine dernière avec une copine de classe. Ben n’arrête pas de hurler. Il a laissé tomber sa guitare à terre, cassant le manche. Il l’aimait aussi. Ces histoires de sentiments cachés, c’est typique. Et ça, Alexandre le sait bien. Peut-être est-ce le plus grand service qu’il aura rendu à ce trouillard que de lui avoir enlevé son amour de jeunesse pendant le concert le plus attendu de cette année. Alexandre a goûté le sang de l’imprudente. Comme beaucoup qui ne s’étaient pas tout de suite rendus compte que ce n’était pas de la transpiration qui suintait de la jeune femme. Rock, amour et violence, se dit Alexandre… Ca manque de sexe tout ça.
A priori, la soirée d’Alexandre ne fait que commencer.

lundi 31 juillet 2006

La pensée d'Hadrien

Première séance de psychothérapie pour Hadrien. Il a 24 ans. Il est conscient de tout. Il est réfléchi, calme et tout disposé à se livrer. Est-ce parce qu'il en a besoin ? Alexandre avait peur que ce soit pour soulager son âme à cause de cette "pute de morale qu'il a vu à la télé". Sarah pense que c'est la curiosité qui l'a poussé à y aller. Hadrien est lui-même partagé, ne donnant raison ni à l'un, ni à l'autre.

Hadrien livre ses premiers secrets. Les raisons de sa naissance et de celle de son frère. Leur enfance, l'arrivée de Sarah, les grand-parents, toutes les choses qu'il juge être à l'origine de sa personnalité. Il avoue qu'Alexandre et lui portent en eux une différence, un sentiment très puissant de pouvoir que lui mesure et non son frère. Tout comme Sarah...

Depuis que je suis petit, j'ai très conscience de ne pas avoir un destin banal. Je suis très conscient que je vais accomplir des choses qui dépasseront l'entendement du citoyen lambda. Je ressens cette force en moi. Je ne veux pas me vanter Docteur mais tous les trois, nous sommes supérieurement intelligents. Même si ce n'est pas évident quand on connaît mon frère mais il me semble que si nous nous en sommes toujours sortis, c'est aussi grâce à ça.

Le "docteur" comme il le nomme pense alors sûrement aux aléas de la vie. A la mort de Grand-Mère, à l'endettement du père ou tout simplement au déménagement qu'ils ont probablement subis étant petits.

Je veux dire... nous prenons plaisir à faire ce que nous faisons. Nous le faisons bien. Et parfois Alex nous appelle des "artistes". Je ne sais pas s'il a complètement raison mais c'est vrai que parfois je me perds à la vue de telle ou telle couleur. Je me perds dans la magnificence du moment. J'aime tellement cette puissance, ce pouvoir.

Peut-être que ce qui caractérise ce garçon, c'est le fardeau du succès...

Nous sommes les maîtres du monde. C'est ce que je ressens dans ces moments-là. Et parfois, c'est normal, on subit des menaces. Et Maman nous a très bien élevés par rapport à ça. Elle dit toujours que "le silence est le plus grand des mépris". J'en ai pris mon parti pour en faire un "C'est quand on a rien à perdre qu'on peut tout faire, sans limite". Alors les menaces, les chantages, ça nous passe par dessus la tête. Papa ne comprenait pas. Il disait qu'on était des têtes brûlées. Qu'on ne réfléchissait pas aux conséquences. Mais il n'a jamais pu comprendre.

Alors leur père doit être parti ou mort selon ses dires.

Je pense que c'est elle qui l'a fait partir. Maman. Elle voulait qu'on s'épanouisse dans notre art, qu'on donne le meilleur de nous-même. Je n'arrive pas à comprendre qu'elle ne soit pas fermée à ce qu'on fait. D'années en années, je suis toujours aussi étonné du soutien qu'elle nous apporte. Comme si elle n'avait pas pu accomplir elle-même ce qu'on fait.

Visiblement oui, c'est bien d'art dont il parle. Sa mère doit être frustrée et a dû pousser ses enfants vers une voie qu'elle fantasmait. Intéressant.

Je me souviens de la première. Elle était magnifique. Sculptée dans le marbre. Laura elle s'appelait. Alexandre m'avait dit que c'était une expérience unique. Nos parents s'étaient absentés. Sarah était partie je ne sais plus où, on avait la maison juste pour nous deux. On avait décidé de faire une fête. J'avais invité Laura. Alexandre s'était assuré que son copain ne viendrait pas. Si vous voyez ce que je veux dire. A un moment, on était plus que tous les deux. Et je l'ai goûté. J'ai goûté au monde ce soir-là. C'est par elle que tout a commencé.

Cette première expérience sexuelle doit être à l'origine de ses premières inspirations artistiques.

Au fait, je compte manger ces quelques biscuits... Vous en voulez ? J'ai un petit creux

Ils ont l'air bons ces biscuits... Pourquoi pas...

J'avais conscience de ce dont j'étais capable de faire. Mais je ne sais pas si c'est parce que j'étais trop jeune ou si c'est parce que j'avais peur... Toujours est-il que pour moi, c'est venu plus tard que pour Alexandre. J'ai jamais eu de complexe par rapport à ça. C'était naturel. Dans l'ordre des choses, de mon évolution personnel. Si je ne l'ai pas fait avant, c'est que je ne devais pas être prêt.

De sexe ou d'art ? Ecoutons...

Est-ce que j'aurai pu passer à côté de tout ça ? Est-ce que j'aurai pu mener une vie "normale" ? Est-ce que j'aurai pu être comme tout le monde ? Je ne pense pas. Je ne crois pas non plus, comme on l'entend dans les médias, que c'est à cause de l'éducation de nos parents. Je sais que je suis né comme ça. Je suis né avec des desseins particuliers. Je suis né avec cette aspiration personnelle. J'en suis certain. Maman ne nous a donné qu'un coup de pouce mais je ne pense pas qu'elle soit entièrement responsable.

Il est conscient du rôle de la mère dans son évolution mais ne lui cherche-t-il pas des excuses pour l'orientation de ses choix de vie ?

En tous cas, je crois comprendre maintenant que j'en ai parlé à haute voix, que rien n'aurait pu être différent. J'espère que vous avez aimé les gâteaux... C'est ma soeur qui les a faits. A base de Lepiota clypeolaria.

De quoi ?

Adieu docteur.

vendredi 28 juillet 2006

Richard, 28 ans.

Sarah dit : Hadrien ! Alex ! Descendez ! J'ai eu une nouvelle lettre de l'autre écervelé !
Hadrien dit : Ouvre la !
Alex dit : C'est mieux que la télé ce connard !

Sarah,

Je t'ai attendu. Tu m'as quitté quand je t'ai enfin aimé pleinement. Tu m'as quitté lorsque je n'avais plus que toi. Tu m'as abandonné quand tu as pu t'envoler seule. Tu m'as transformé. Je ne peux plus vivre sans toi. Tu m'as bouleversé. Sarah, cette nouvelle lettre, ce n'est pas une nouvelle supplication pour que tu reviennes. Sarah, si je t'écris ces mots, c'est pour te dire que plus jamais je ne t'ennuierai. Sarah, je compte mettre fin à mes jours. Ma vie sans toi ne vaut rien. Je ne suis rien sans toi. Je n'y arriverai pas sans toi. Tu es tout ce que j'ai, toute ma vie. Sarah, je t'aime. Je te laisse tout ce que j'ai. Tu m'as fait découvrir l'amour et le bonheur. Et je ne t'en veux pas tant pour m'avoir fait autant de peine. Comme tu disais, il y a toujours un équilibre. Je suis déjà heureux que tu ai daigné m'accorder un morceau de ta vie alors que j'étais un vrai connard. Il faut le dire. Tu m'as aimé malgré mes péchés passés. Tu m'as aimé malgré ses soupçons sur moi. Je voulais te l'avouer, j'ai bien faits toutes ces choses dont on parle dans mon dos. Je te dois bien la vérité à toi. J'ai été une ordure. Je ne te méritais pas. Je ne méritais pas ton attention mais l'Amour que tu m'as offert. Peut-être que c'est ça qui sauvera mon âme. Dans ma prochaine vie, je souhaite te retrouver car je ne suis le meilleur de moi-même que lorsque tu es là. Je vais me tuer Sarah. Ne regrette pas.

Je t'aime et t'aimerai toujours,

Richard.


Alex dit : J'suis déçu... J'aurai cru qu'il tiendrait plus longtemps.
Hadrien dit : T'as vraiment bien joué !
Alex dit : J'commençais à l'apprécier... J'suis vraiment déçu.
Sarah dit : Quel crétin !
Hadrien dit : Attends, y'a une autre lettre ! Ouvre !
Alex et Hadrien disent : Ouvre ! Ouvre ! Ouvre !



...

Marla, bras droit de l'Equation

Bonjour.

Je m'appelle Marla et je pense que je vais te pourrir la vie. Je t'observe depuis plusieurs mois et j'en ai conclus que tu étais l'être le plus minable, le plus odieux et le moins respectueux que j'ai jamais rencontré.

Je t'ai vu écraser d'un geste une armée de jeunes femmes. Je t'ai vu trahir des gens, trahir tes propres amis, trahir ta famille. Tu ne crois en rien, et je pense qu'au plus profond de toi, tu ne crois même pas en toi-même. Tu t'accroches à la moindre chose qui pourrait te flatter et te persuader que tu es un véritable être humain... avec un coeur. C'est beau ce que tu fais... Mais en y regardant de plus près, rien n'est de toi. Tu ne fais que recycler le moche pour l'expulser au plus court chemin de ton cerveau. Trois doigts plus tard, ton art pour pauvres est accessible à tous... Que dis-je, à toutes.

Aucun respect pour toi donc, ni pour tes amis que tu estimes minables lorsqu'ils te donnent des discours contraires à ce que tu aimerais entendre. Tu les juges grossiers de se mêler de ta vie parce qu'ils t'apportent quelques conseils. Les gros lourds qui devraient te laisser vivre ta vie de minable que tu aimes jouer. "La vie est un jeu"... Accepte de perdre. Plus vite tu auras compris que ta jauge de vie n'est pas éternelle, plus vite tu admettras que certains enemis peuvent être plus cruels que toi.

" Bonjour, je m'appelle Marla, j'ai 20 ans et je suis porteuse d'une maladie rare.
Bonjour Marla.
J'ai une maladie qui peut infecter les femmes. Sexuellement. Je ne suis pas homosexuelle mais si je couche avec un homme sans protection, il devient porteur à son tour et risque de transmettre la maladie à ses partenaires féminines sans jamais le savoir. J'ai été soignée lorsque j'étais plus jeune mais je serai toujours porteuse de ce truc. Je suis en quelques sortes condamnée à me protéger si je veux contenir la maladie. En fait, moi, je n'ai plus de symptômes. Ca se manifeste sous la forme de ... non, je ne peux même pas le dire tellement c'est dégueulasse. A la longue, ça peut rendre stérile. C'est effrayant de penser que si je ne fais pas attention, je peux rendre stérile des femmes par l'intermédiaire de mes petits-copains."

J'avais peur. Et depuis que je te connais, je sais pourquoi le Destin m'a donné cette maladie.

"John. Tu as encore envie de moi ? Depuis le temps où je me refuse à toi, tu veux bien me conquérir ? Alors possède moi. Cette nuit, je serai tienne. Finalement, tu avais raison, il faut savoir se faire plaisir. Je vais m'offrir à toi. Tu ne veux réellement pas te protéger John ? Si j'ai confiance en toi ? Bien sûr. J'ai toujours eu confiance en toi. John, fonds toi en moi. Enfonce toi au plus profond de mon être. J'aime te sentir sur moi, me prendre. J'aime t'appartenir. Tu es venu si vite John. Mais 20 minutes, c'est bien. Que je m'en aille désormais ? Oui, je savais que tu ne voudrais plus de moi une fois que tu auras eu ce que tu convoitais. Non, je ne t'en veux pas. L'ennemi s'en va."

Tu apprendras plus tard, beaucoup trop tard, que les péchés se paient. Tous. Et que Dieu n'existe pas, mais ses Deux Ex Machina si. Dieu n'existe pas mais le monde est mathématique. Le monde est équation. Et je suis l'enigme qui te détruira. Le fléau que tu as semé partout, va te tuer. Une graine prendra forme et je serai derrière toi. La beauté de la situation, c'est que c'est toi-même qui te suicideras. Alors rendez-vous en Enfer.

lundi 24 juillet 2006

Jessica, 12 ans.

Jessica était notre unique fille. Elle venait de fêter son douzième anniversaire. Nous avions été faire les magasins toutes les deux. Son père et moi nous étions arrangés. Je la revois encore admirer sa belle robe rose dans la vitrine.

Elle essuie ses larmes.

J'aurais jamais imaginé que ça puisse se passer de cette manière. J'avais fait venir plusieurs agents de sécurité... Vous comprenez, comme son père et moi sommes riches, nous savons que parfois des paparazzis peuvent porter atteinte à la vie privée de nos enfants... Et puis nous avons peur des kidnappings depuis ce qui est arrivé aux Harris à Berlin. Mais...

Elle se mouche et sanglote encore.

On avait fait venir une coiffeuse de New-York pour sa fête... Elle était patiente... Elle se regardait dans le miroir... Elle avait les yeux qui pétillaient... C'est trop injuste.

Elle baisse les yeux, essuie ses larmes... Elle respire à fond. Son visage se ferme, ses traits deviennent plus que sévères.

C'est injuste !!! Vous auriez vu ce que cette ordure a fait à ma fille ! On est resté sans nouvelle d'elle pendant des jours ! Ce salaud nous a laissés espérer ! Si je pouvais... je ! ... je ! ... Je le tuerais de mes mains cet enfant de putain ! Quel monstre ! Une erreur de la nature pour s'en prendre à une enfant comme ça ! 12 ans !!! Elle n'avait que 12 ans !!!

Elle éclate. Elle pleure, n'arrivant presque plus à respirer. Elle se mouche. Elle trépigne. La douleur est forte.

C'est abominable !!! Je n'arrive pas à croire que ma petite fille soit partie ! Ca n'se peut pas ! Elle ne méritait pas ça ! Je ne peux plus... Je...

Elle se calme. Respire. Pleure de douleur, de peine.

Ma petite fille...

Elle chuchote encore.

Elle avait son cours de danse hier soir. Elle était la plus belle des danseuses. Un ange. C'était un ange ma Jessica. Et puis il riait de tout. On lui avait préparé un week-end pour aller voir sa meilleure amie à Cologne. Et elle devait passer ses vacances à St Barth avec nous et sa colonie de vacances. Elle voulait être actrice comme sa tante...

Elle pleure, a le regard dans le vide.

Elle était ma petite fille. Ma petite Jessica. Ma toute petite petite enfant. Elle était ma petite fille. Ma fille...

Elle sanglote.

Elle était jaune et bleue. Jaune et bleue. Ils l'ont retrouvée jaune et bleue. Et gonflée d'eau. Ma p'tite fille... Gonflée d'eau. Et ce salaud l'a abusée... 12 ans. Ma petite fille. Il l'a abusée. Il l'a trainée à travers toute la ville, enfermée à l'arrière de sa bagnole pourrie, à travers toute la ville. Il l'a prise en photo cet enfoiré. Il l'a abusée, il l'a trimbalée dans sa vieille caisse de merde et il l'a tuée. Elle était si jolie. Si belle...

Elle regarde l'homme assis dans le fauteuil en face d'elle, prend un air résolu et déclare...

Vous vouliez savoir ce que cet enfant de salaud a fait à ma petite Jessica. Il l'a kidnappée. Il l'a emmenée partout avec lui à travers la ville. Elle était enfermée dans son camion et personne n'a entendu les hurlements de ma petite fille. Elle s'est débattue. Il l'a frappée. Il l'a emmenée près du fleuve. Sur un chemin en pente où personne ne va. Il l'avait droguée. Il l'a violée comme un porc et quand il a eu fini de la salir, il l'a tuée. Il l'a ligoté et balancé dans la flotte. Son pauvre petit corps... Mon dieu... Et il lui a coupé les mains, il lui a enfoncé son couteau dans sa chair. Il lui a brisé les deux jambes. Il a accroché le reste de son corps avec des ficelles en haut d'un arbre et il a emporté la tête avec lui. Il a démembré ma petite Jessica.

Elle est épuisée. Elle pleure de plus belle et son attention est à nouveau reportée vers l'homme.

Sa tête, il l'a emporté avec lui. Il a donné le cerveau de Jessica à manger à notre chien. Et le reste... Il l'a balancé dans notre poubelle.

Elle se remet à pleurer. Elle prend enfin pleinement conscience de ce qui s'est passé. Elle commence à trembler.

Mon dieu...

Elle regarde à nouveau l'homme, fronce les sourcils.

ESPÈCE DE ... !

Elle se lève et se jète sur l'homme mais...

...

Elle tombe à terre. Elle ne pleurera plus. Alexandre l'avait fait taire.

jeudi 20 juillet 2006

Journal d'Hadrien

Extrait du journal d'Hadrien, 27 août :

Toujours les mêmes questions. Toujours les mêmes regards. Toujours les mêmes espérances des proches. Comme s'ils ne pourront jamais être satifait... Mais nom de dieu ! Lâchez moi !
Heureusement qu'Alexandre est là, putain. Y'a du bon parfois d'avoir un frère jumeau quand même... Irrémédiablement, il reste auprès de vous par peur des amalgames. Même s'il se contre-fout des foudres de Papa.
Il est plus fort que moi je pense... J'ai du mal à assumer le destin qui nous attend alors que lui est très impatient.
Aujourd'hui, c'est notre anniversaire, on a 17 ans. Maman a fait un gâteau gigantesque pour les potes du lycée. On sera pas nombreux. Juste la classe de terminale. Y'aura Laura aussi... Elle est intelligente, belle et futée. Il y a des rumeurs comme quoi sa famille est barge mais j'm'en fous. Elle est mon idéal. Alexandre s'est occupé de Matt. Il ne viendra pas nous déranger. Comme ça j'aurai peut-être une chance de la draguer. Ce serait vraiment bien.
Alexandre ferait tout pour moi. Je le sais maintenant. Je mesure la chance d'avoir un frère aussi fou. Les déménagements n'y changeront rien.
J'ai hâte d'être à ce soir ! La maison pour nous ! Une grande fête ! Laura ! Laura... J'suis content d'avoir acheté des capotes.



Extrait du journal d'Hadrien, 28 août :

Merveilleux. La nuit la plus magique de ma vie ! Laura n'a pas résisté longtemps... Elle est à moi ! Elle est à moi ! A moi ! Alexandre n'a même pas eu à argumenter... Tout seul. Je l'ai fait tout seul. On a eu beaucoup de travail à nettoyer le chantier dans la maison avant que Papa et Maman ne rentrent mais ça valait le coup. Remuer la terre après une fiesta pareille ! C'était magique.
Laura. Mon amour. La flamme à l'interieur de moi qui se consume.
Elle est arrivée légèrement en retard mais je lui pardonne... Elle portait une robe blanche. La mousseline lui descendait jusqu'aux genoux. Elle était coiffée comme une déesse. Elle était simple mais divine. Elle a cherché Matt pendant quelques heures. Elle l'a attendu. Et puis elle a bien vu qu'il ne serait pas là avec elle quand elle l'a vu dans le jardin avec les autres. La pauvre devait être déçue... Elle s'est mise à pleurer et heureusement que j'étais là pour la consoler. Alexandre a écarté ses copines. Toutes ces connasses qui lui tournent constamment autour pour s'abreuver de son talent, sans se soucier de l'énergie qu'elle détient au fond d'elle. Celle qui vit désormais en moi. Je l'ai emmené à l'étage, dans ma chambre. Elle n'a pas tout de suite compris qu'on allait se lier. C'était beau cette naïveté dans son regard. Si délicieuse. Si délicieuse...
Je ressens encore la résistance de ses poignets, la chaleur de son coeur, le souffle dans ses poumons, la douceur de ses jambes, le sucré de son sang... C'est plus agréable de goûter quelqu'un que de simplement s'enfoncer en elle. Même si se sentir au chaud à l'intérieur n'a rien de comparable. Mais la jouissance est éphémère... Alexandre a raison. Désormais, elle est en moi. Je la possède.

dimanche 9 juillet 2006

Sarah

Sarah a 6 ans. Sarah se balade en robe blanche à pois rouge et vert et Sarah aime les glaces à la vanille. Sarah adore les bonbons, faire de jolis dessins et son ours en peluche.

Sarah va à l'école. Sarah joue avec ses camarades à la récré. Sarah est une bonne élève qui apprend très vite à lire.

Sarah n'aime pas les vacances. Sarah est triste parce qu'elle habite loin de ses copains de classe mais Sarah ne s'en fait pas, elle les reverra l'an prochain.

En attendant, Sarah apprend le piano. Pendant une heure, deux, trois puis toute la journée. Mamie dispute parfois Sarah parce qu'elle préfère le piano à la compagnie de sa vieille grand-mère. Mais Sarah s'en fiche.

Mamie ne s'est pas levé ce matin. Papy est levé depuis longtemps. Papy s'inquiète. Papy monte à l'étage. Papy ne sait pas comment il va faire.

Sarah est un peu triste mais ne comprend pas trop pourquoi Papy pleure. Sarah tient la main de Papy mais pense à l'école, si proche. Maman et Papa sont là. Sarah est contente de les revoir.

Sarah a 8 ans. Sarah aime son Papy qui ne s'occupe plus que de son unique petite-fille. Maman ne trouve pas ça sain pour Sarah. Maman pense qu'il serait préférable que Sarah continue à jouer avec ses amis comme avant. Maman explique à Sarah qu'elle verra moins Papy. Mais Sarah s'en fiche.

Papa vient chercher Sarah plus tôt à l'école. Le cours de Sarah n'est même pas fini. Sarah fait des mathématiques. Sarah aime les mathématiques. Sarah aime réfléchir sur des problèmes d'horaires de bus ou de distance. Papa n'arrête pas de pleurer et Sarah ne comprend pas ce que Papa raconte. Papa aurait pu venir chercher Sarah à l'heure, surtout pour ne rien dire. Maman ne sera plus à la maison, Papa dit.

Papa est si bouleversé que Maman ne soit plus à la maison que Papa ne va plus à son travail. Sarah n'aime pas trop que Papa fouille ses tiroirs, kidnappe ses dessins, les donne au monsieur "trop gentil" chez qui Papa l'emmène deux fois par semaine. Sarah répond aux questions du monsieur "trop gentil" même si ça ne le regarde pas de savoir si "Maman lui manque quand même un peu, ou pas du tout ?". Mais Sarah s'en fiche.

Sarah a 12 ans. Papa ne pleure plus. Papa n'est plus à la maison. La tristesse de Papa n'existe pas dans la nouvelle maison de Sarah. Sarah est chez Tata et Tonton.

Sarah a 17 ans. Sarah plaît aux garçons mais Sarah n'est pas dupe. Sarah apprend dans les livres, de sa vie, des expériences. Sarah se moque du premier. Sarah renvoi le second. Sarah aime tout de même un peu le troisième. Le troisième est bien élevé et plaît à Tata et Tonton. Le troisième a un humour maladroit et taquine Sarah. Sarah ne le revoit plus. Sarah s'en fiche puisqu'elle n'est pas la seule.

Sarah a 25 ans. Sarah a connu des hommes. Sarah a connu des femmes. Sarah a un bon travail et vit confortablement dans son grand appartement. Sarah a toujours un piano chez elle. Le piano ne peut plus jouer. Le piano n'a plus de corde et son corps renferme quelques poisons infernaux.

Sarah est heureuse, belle et comblée. Sarah représente aux yeux des autres la jeune femme la plus épanouie au monde. Sans remords, c'est facile...

vendredi 7 juillet 2006

Le Patin

Bonjour. Je m'appelle Sarah. J'ai 19 ans. Cela fait un an que je suis étudiante. Mes parents ne roulant pas sur l'or, je suis en résidence dans la grande ville. Et cet été, j'ai gardé un enfant de 7 ans, Jérémie. Ses parents étaient partis en vacances sans lui, donc j'en avais la garde pendant 2 mois et demi, officiellement avec l'aide de la grand-mère mais que je n'ai vu que le premier jour. Du coup, je n'ai pas beaucoup vu mes amis mais il me fallait bien de l'argent pour vivre et en plus le loyer a augmenté... Jérémie avait une passion : la télévision. J'essayais de l'initier aux joies de la natation, des balades, des jeux de société, de la lecture, ... Enfin tout et n'importe quoi pourvu qu'il lève son nez de cet écran. Je ne comprends pas les parents qui laissent leurs enfants s'abrutir avec des choses pareilles. Au bout d'une semaine et demie, j'ai tenté le chantage. J'en avais assez de rester constamment enfermée alors je lui promis un film d'horreur comme il en rêvait (ses parents lui interdisant de les visionner) contre une ballade en patins à roulettes. Ce fut assez futé - je dois dire - puisqu'il a accepté. Alors nous voici partis tous les deux sur une piste patins dans le parc près de chez lui. Il a beaucoup aimé finalement, ne perdant pratiquement jamais l'équilibre. Comme s'il en avait toujours fait. Il eût en récompense un film style "nanard" où on voit les monstres en papier mâché. Pas de quoi effrayer un gamin de son âge. Tous les jours, je l'emmenais faire une petite séance de patins à roulettes et tous les jours, il avait droit à un film qui ne me coûtait qu'un franc au magasin du coin. Je commençais à apprécier le séjour chez lui. Pourtant au bout de deux semaines, il a commencé à faire des caprices... Durant une émission qu'il regardait, j'avais noté le nom d'un médicament qu'on donne aux enfants hyperactif. Je me suis procurée le produit auprès d'un de mes copains qui bossait dans une pharmacie pendant l'été comme magasinier. Ca faisait des miracles ! Il a cessé plus ou moins de m'ennuyer et était presque calme. Je continuais à l'emmener au parc. Jour après jour. Qu'est-ce que je m'ennuyais de mes amis... J'avais envie de partir... Au parc, il y avait des jeunes de mon âge qui profitaient de leurs vacances et moi, j'avais Jérémie. La dépression me guettait. Exactement comme je le pensais puisqu'une émission du soir me l'avait confirmé. Je n'avais plus envie de rien, je pleurais les soirs et j'avais perdu l'appétit. Jérémie, je crois, a compris mon manège et n'a plus pris le médicament que je lui mettais dans son chausson au pomme. Il était de plus en plus insupportable. Un jour, en ballade, j'étais en patins, un peu la tête dans la lune et il m'a poussé dans le lac. Nous sommes immédiatement rentrés. Arrivés dans sa maison, j'enlevais mes patins. Il était encore en train de les enlever que je me suis jeté à son pied pour le lui enlever de la jambe avec le sabre de son père. Oui parce que j'ai oublié de préciser, c'est que son père était fan des films d'arts martiaux et avait toute une collection de sabre qu'il gardait dans une pièce près de l'entrée, verrouillée en hauteur pour éviter que Jérémie aille la visiter. Le gamin m'a rapidement fatigué à hurler alors j'ai coupé tout le reste. J'ai tout rangé dans un sac que j'ai été, le soir venant, mettre à la décharge... Je ne savais pas qu'il y avait des horaires d'ouverture ! J'ai mis Jérémie avec les arbres et les déchets végétaux. Je suis rentrée, j'ai nettoyé. Qu'est-ce que ça avait tâché... Je me suis aperçu que j'avais oublié un patin. Aujourd'hui, il est dans ma chambre d'étudiante. Un joli patin orange et bleu à l'effigie de son dessin animé préféré... Regardez ! Il est beau n'est-ce pas ?

mardi 27 juin 2006

Mother

Elle se levait ce matin, le sourire aux lèvres. Elle était heureuse parce qu'elle remontait à loin la dernière visite de ses garçons. Et ils venaient lui rendre visite tout à l'heure. Elle était si fière de les avoir portés tous les deux en elle. Hadrien et Alexandre.
Après s'être habillée, elle descendait à la cuisine pour préparer des cookies pour ses deux petits monstres. Elle les aimait tant.
Durant plus d'une heure, elle mettait toute son âme à préparer ces biscuits.
Vers 11h, ils débarquaient chez elle. Ils étaient en sueur. Elle les accueillait néanmoins avec un sourire que rien n'aurait pu effacer. Ils déposaient leurs sacs sur le plancher. Elle était fière, si fière ! Elle les prit dans ses bras, ses jumeaux si beaux et si intelligents...
Puis ils s'animèrent autour d'elle : ranger ce sac, enterrer celui-ci, mettre celui-là au grenier. Elle retournait dans la cuisine, arrangea un plat, le décorait d'une fleur. Ca sentait l'orange. Alex adore ça.
Elle déposa le plat dans le salon, sur la table qu'elle avait décorée la veille comme dans ce catalogue qu'elle reçoit par la poste... Elle les regardait par la fenêtre jouant avec les pelles de son défunt époux... Comblée.
Lorsqu'ils eurent fini, ils revinrent dans la maison. Elle les pria de s'asseoir. Elle leur servit un verre de lait à chacun. Ils la regardaient avec tristesse.

- Maman, on est désolé d'avoir tout salopé.
- Oui, on aurait voulu que ça se passe autrement.

- Mes enfants. Il n'y a pas mère plus fière de ses enfants. Il n'y pas mère plus comblée d'avoir des fils aussi parfaits que vous.

Ils se regardèrent l'un l'autre, étonnés par un tel discours.

- Il suffit juste que vous ne vous fassiez pas prendre...

De plus en plus surpris, ils l'écoutèrent.

- Mais je vous fais confiance, c'est un truc de famille.

Et elle sourit. Dévoilant une face cachée de son âme qu'ils n'avaient jamais soupçonnée.

-Mangez mes enfants.

Ils obéirent et disparurent quelques heures plus tard. Elle était fière d'eux. Elle aimait leur art. Elle se sentait accomplie d'avoir donner naissance à deux créatures si parfaites. Jamais elle n'avait imaginé pouvoir créer ça. Elle admirait leur manière de remodeler la matière. C'était son péché mignon. Les regarder faire. Leur seule et unique admiratrice. Le père n'avait pas compris.
C'est pourtant avec regret qu'elle dut se séparer d'eux...

Vous aviez réellement cru qu'on mettait plus d'une heure à faire des pauvres cookies ?